Du 01/01 au 10/01/1965, Georges Brassens fut à l’affiche de Bobino. C’est à cette occasion qu’un soir durant la première partie, André Sallée, qui eut officié à Radio Luxembourg, se trouva dans les coulisses afin de l’interviewer. Si la controverse suscitée par Les deux oncles, encore toute fraîche, continua de battre son plein, le sujet fut éludé volontairement par le sétois moustachu.
Georges Brassens: "Les journalistes, certains journalistes, tu les connais, ils sont capables de te demander si tu préfères la chemise de nuit au pyjama. De soudoyer tes familiers, afin qu’ils dévoilent tes secrets d’alcôve. Il n’en est pas un qui m’ait posé la seule question à laquelle je pouvais répondre : "Dormez-vous volontiers avec une personne du sexe opposé ?"… Parce que, pour eux, seul compte le mot "coucher". Dormir, ça ne les émoustille pas. Ma réponse aurait été: "Je n’y tiens pas." Je "couche", bien sûr, et, d’ailleurs, ça ne regarde personne, que ce soit fredaine ou tendresse. Mais je dors généralement seul: je n’ai pas envie de partager avec qui que ce soit mes maigres heures de sommeil. Certains sont rassurés par le fait d’avoir, la nuit, à leurs côtés, une sorte de chaleur complice. L’été, c’est déjà moins supportable. En toute saison, ça me gêne: je déteste que l’on me voie roupiller, et le reste. Je n’ai pas envies des haleines et tracasseries nocturnes. Je ne veux surtout pas contraire un être que je respecte avec mes insomnies, si je bouge ou si, crispé sur le matelas, je tente de ne pas remuer. La nuit est un espace de liberté à respecter. Il est, d’ailleurs, bien affligeant de constater que l’on ne puisse en dire autant du jour." [Sallée A. - Brassens - p. 158]