C'est à la fin de l'été 1953 que Georges Brassens fait la connaissance de Jacques Brel, lors des débuts de celui-ci aux Trois Baudets. Afin de comprendre comment l'auteur-compositeur-interprète belge est arrivé à l'affiche de l'établissement de la rue Coustou, il nous faut remonter en 1952 où une de ses cousines lui présente son amie la journaliste Angèle Guller, lors d’une réunion de famille. [Brel J. (Avec la contribution de), Brel F. (Avec la contribution de), 2018. Jacques Brel - Auteur - p. 145] Sensible aux chansons que Jacques lui avait interprétées, la créatrice de l’émission La vitrine aux chansons sur l'INR (ancêtre de la RTBF) manifestait son vif intérêt et décidait de le soutenir, entre autres en l’invitant à venir chanter juste après ses conférences sur la chanson francophone. C’est également elle qui l’informait de l’implantation de la firme Philips en Belgique. Ainsi, le 17/02/1953, le futur Grand Jacques - alors à l'affiche du cabaret bruxellois La Rose noire pour y effectuer modestement ses premiers pas - avait enregistré, aux salons Élysées de Bruxelles et sous la direction de Clément Dailly (mari d'Angèle Guller et créateur de La Revue des disques en 1949), un 78T contenant deux chansons: La foire et Il y a (Philips P 19055 H). Peu après, un disque souple - une maquette acétate 78T - a été réalisée avec deux autres titres: Il pleut et Sur la place. Brel s’y accompagne seul à la guitare. Ces disques allaient l’amener à passer le concours de la Sabam (Société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs) afin d’y être affilié en tant qu’auteur, ce qui allait être effectif le 12/06/1953. Ses premières chansons allaient pouvoir être déposées. Angèle Guller, dans son opiniâtreté, le convainquait que la réussite ne viendrait à lui qu’à la condition de se rendre à Paris afin d’y rencontrer les acteurs qui pourraient le lancer véritablement.