Andrée Simons naquit, dit-on, à Ixelles (une des 19 communes de Bruxelles-Capitale) le 21/04/1949. Passionnée dès sa plus tendre enfance par la langue française, elle écrivit ses premiers poèmes à l'âge de neuf ans. Prévert faisait déjà partie de l'environnement culturel de la petite fille douée qui étudia le piano puis la guitare trois années plus tard. Dans les mêmes temps, elle se trouva un intérêt pour le dessin. C'est un récital de Léo Ferré à l'Ancienne Belgique (l'auteur de Jolie Môme s'y est produit du 20 au 25/04/1963), auquel elle assista avec sa mère, qui lui fit découvrir la puissance artistique profonde de la chanson. Les premières qu'Andrée écrivit, teintées d'humour caustique, acide, absurde, tombèrent rapidement dans des oreilles alertes, mais elle ne donna pas suite aux propositions d'édition qui lui furent faites alors qu'elle était jeune lycéenne.
Ce qui ne l'empêcha pas de fréquenter les ateliers des Jeunesses de la chanson (initiés par Angèle Guller) puis les Midis de la chanson (sept ou huit séances par saison, organisés dès 1965 au Théâtre national). Elle y fit la connaissance de personnalités du milieu comme la chanteuse et parolière Claude Lombard. Dans le N°28 de la revue Chorus (Les Cahiers de la chanson), Daniel Pantchenko cite Angèle Guller, qui apporte son témoignage de l'époque.
Angèle Guller: "Quand j'ai connu Andrée Simons, elle avait quinze ans, un petit visage sérieux et pâle, des yeux qui ne souriaient pas. Elle s'accompagnait au piano et composait des chansons véhémentes et revendicatrices. Il ne fallait pas être clerc pour deviner en cette jeune fille d'apparence si frêle une nature et une volonté farouche." [Guller A., 1973. - Le neuvième art: pour une connaissance de la chanson française contemporaine (de 1945 à nos jours), Nouvelles éditions Vokaer, Bruxelles: 275 pp.]
C'est après avoir tourné dans plusieurs petits établissements qu'Andrée fut amenée à monter sur les planches du seul cabaret rive-gauche de Bruxelles et que dirige l'auteur-compositeur Freddy Zegers: La Cantilène. Nous sommes en 1967, elle est alors âgée de dix-huit ans. Durant une année entière, elle mena de front sa vie d'étudiante et sa vie d'artiste.
Andrée Simons: "(...) je travaille le jour comme si je dormais la nuit et je chante la nuit comme si je ne travaillais pas le jour." [H. Heymans et D. Le Noury, notes de pochette de l'album Andrée Simons chante Georges Brassens - MFP 2 M 046-13121]
Par la suite, tout s'enchaîna: un premier prix de poésie, deux albums - Andrée Simons volume 1 (RCA Victor 740.609) et Andrée Simons volume 2 (RCA Victor 741.003), une série de galas, émissions de radios et de télévisions, ainsi qu'une troisième place dans la finale de l'Eurovision pour la Belgique en 1970, avec La belle époque (après avoir décidé de ne pas interpréter sa deuxième chanson, Perle d'étoile), un début de notoriété qui ne lui convient pas...
Andrée Simons: "C'était une blague, mais le genre de blague qui peut mener très loin. L'espèce d'engrenage dans lequel je m'enlisais ne m'a pas plu. Je faisais des galas et il fallait que je chante ça d'abord, et tout le reste ils n'écoutaient pas. Alors j'ai arrêté." [Paroles et Musique N°9, avril 1981]
Andrée décida de repartir de zéro, épaulée par Claude Lombard et Freddy Zegers. Tout en continuant à satisfaire sa soif de connaissances dans divers domaines, elle abandonna la musique pour ne se concentrer que sur l'écriture sous toutes ses formes. Une parenthèse en tant qu’interprète: l'album Andrée Simons chante Georges Brassens (MFP 2M 046-13121), que l'artiste wallone enregistra en 1973 pour publication peu de temps après et qui comporte douze titres du poète sétois: Les amoureux des bancs publics, Il n'y a pas d'amour heureux, Le Père Noël, Les lilas, Concurrence déloyale, Pauvre Martin, Chanson pour l'Auvergnat, Dans l'eau de la claire fontaine, Le grand chêne, Bonhomme, Les filles de joie, Mourir pour des idées. Brassens, Andrée le chantait dès sept ans sur les bancs de l'école, de même que Ferré, Piaf, Aznavour... Elle lui a rendu hommage avec cette humilité particulière à ceux pour qui le talent, c'est apprendre, douter, devenir et vouloir.
Andrée Simons: "Si entendre Brassens est une chance et l'écouter une joie, chanter Brassens ça tient à la fois, successivement et entre autres, du piège, du miracle, du dictionnaire, de la chanson de geste, du clin d’œil et de l'amour fou. Et quand je dis chanter Brassens, je devrais dire habiter Brassens, comme on habite un nid ou une gouttière selon qu'on est une hirondelle ou un chat perdu, on entre par hasard avec l'idée de faire le tour. C'est là que le piège commence: de découverte en découverte, de trouvaille en trouvaille, on arrive au miracle sans qu'on s'en aperçoive. De là, on tombe dans une conspiration de mots qui renverse un dictionnaire, soulève une chanson de geste, et un clin d’œil suffit pour qu'on soit définitivement mieux là qu'ailleurs."
Ce qui ne l'empêcha pas de fréquenter les ateliers des Jeunesses de la chanson (initiés par Angèle Guller) puis les Midis de la chanson (sept ou huit séances par saison, organisés dès 1965 au Théâtre national). Elle y fit la connaissance de personnalités du milieu comme la chanteuse et parolière Claude Lombard. Dans le N°28 de la revue Chorus (Les Cahiers de la chanson), Daniel Pantchenko cite Angèle Guller, qui apporte son témoignage de l'époque.
Andrée Simons D.R.
Angèle Guller: "Quand j'ai connu Andrée Simons, elle avait quinze ans, un petit visage sérieux et pâle, des yeux qui ne souriaient pas. Elle s'accompagnait au piano et composait des chansons véhémentes et revendicatrices. Il ne fallait pas être clerc pour deviner en cette jeune fille d'apparence si frêle une nature et une volonté farouche." [Guller A., 1973. - Le neuvième art: pour une connaissance de la chanson française contemporaine (de 1945 à nos jours), Nouvelles éditions Vokaer, Bruxelles: 275 pp.]
C'est après avoir tourné dans plusieurs petits établissements qu'Andrée fut amenée à monter sur les planches du seul cabaret rive-gauche de Bruxelles et que dirige l'auteur-compositeur Freddy Zegers: La Cantilène. Nous sommes en 1967, elle est alors âgée de dix-huit ans. Durant une année entière, elle mena de front sa vie d'étudiante et sa vie d'artiste.
Andrée Simons: "(...) je travaille le jour comme si je dormais la nuit et je chante la nuit comme si je ne travaillais pas le jour." [H. Heymans et D. Le Noury, notes de pochette de l'album Andrée Simons chante Georges Brassens - MFP 2 M 046-13121]
Par la suite, tout s'enchaîna: un premier prix de poésie, deux albums - Andrée Simons volume 1 (RCA Victor 740.609) et Andrée Simons volume 2 (RCA Victor 741.003), une série de galas, émissions de radios et de télévisions, ainsi qu'une troisième place dans la finale de l'Eurovision pour la Belgique en 1970, avec La belle époque (après avoir décidé de ne pas interpréter sa deuxième chanson, Perle d'étoile), un début de notoriété qui ne lui convient pas...
Andrée Simons: "C'était une blague, mais le genre de blague qui peut mener très loin. L'espèce d'engrenage dans lequel je m'enlisais ne m'a pas plu. Je faisais des galas et il fallait que je chante ça d'abord, et tout le reste ils n'écoutaient pas. Alors j'ai arrêté." [Paroles et Musique N°9, avril 1981]
Andrée décida de repartir de zéro, épaulée par Claude Lombard et Freddy Zegers. Tout en continuant à satisfaire sa soif de connaissances dans divers domaines, elle abandonna la musique pour ne se concentrer que sur l'écriture sous toutes ses formes. Une parenthèse en tant qu’interprète: l'album Andrée Simons chante Georges Brassens (MFP 2M 046-13121), que l'artiste wallone enregistra en 1973 pour publication peu de temps après et qui comporte douze titres du poète sétois: Les amoureux des bancs publics, Il n'y a pas d'amour heureux, Le Père Noël, Les lilas, Concurrence déloyale, Pauvre Martin, Chanson pour l'Auvergnat, Dans l'eau de la claire fontaine, Le grand chêne, Bonhomme, Les filles de joie, Mourir pour des idées. Brassens, Andrée le chantait dès sept ans sur les bancs de l'école, de même que Ferré, Piaf, Aznavour... Elle lui a rendu hommage avec cette humilité particulière à ceux pour qui le talent, c'est apprendre, douter, devenir et vouloir.
En 1974 sortit le 33T ABC pour les enfants POP (MFP 2M 046-13222), enregistré avec Claude Lombard. Deux ans plus tard, Andrée quitta Bruxelles pour Paris où fut enregistré son troisième album, L'amour flou (CBS L'Escargot ESC 356), après une audition avec Gilles Bleiveis. Des titres comme Marie de Grâce-Berleur ou encore La maison de christine retinrent l'attention. Après quelques scènes effectuées sous l'impulsion du producteur Jean Terrier qui la fit découvrir plus tard à Natacha Ezdra, elle croisa la route de Georges Moustaki dont elle fit la première partie des récitals à L'Olympia où ce dernier se produit durant deux semaines, fin 1979.
Georges Moustaki: "Je l'avais vue en Belgique dans les années 70 ; puis en 1978, elle s'est produite dans un petit café-théâtre, Les Saltimbanques, de l'Île Saint-Louis... Ça a vraiment été un coup de foudre, sa voix, sa poésie, sa musicalité, ses idées, mais aussi sa personnalité dans la vie. Ensuite, je l'ai emmenée partout où j'ai pu en tournée ; elle m'a écrit une chanson, J'improvise, et des choses extraordinaires sur moi." [Pantchenko D. - Andrée Simons: Andrée de Grâce-Douleur - Chorus (Les Cahiers de la chanson N°28, juillet-août-septembre 1999]
J'improvise fut publiée sur le 33T Moustaki (Polydor 2393 285 POL 360) en 1981. On se souvient également de l'émission Midi Première (TF1, 12/10/1979), dans laquelle Danièle Gilbert reçut Moustaki et ses musiciens. Ils interprétèrent Fugue en la mineur. Deux autres prestations de l'auteur du Métèque marquèrent ce programme: Elle est elle, en duo avec sa fille Pia, puis La maison de Christine, avec Andrée Simons. Cette dernière collabora également avec Serge Reggiani en écrivant Poubelle, parue sur le 33T Le Zouave du pont de l'Alma (Polydor 2393 324) en 1982. Avec le compositeur Dominique Pankratoff, elle écrivit plusieurs titres pour Régine, Philippe Clay ou encore Marie-Thérèse Orain, puis participa au livre-disque pour enfants Les Animaux font du sport (ALB 6069), enregistré par la chanteuse Vava et arrivé dans les bacs en 1984. Par ailleurs, on retrouve l'auteure de Ah ! La belle époque aux côtés du groupe Imago sur l'album Derrière le rideau (L'Escargot - ESC 377) en septembre 1978. Elle y chante Dors, dors.
Un quatrième 33T, Le cœur violon (Arabella 200.142 AE 230), vit le jour en 1980 avec le concours de l'auteur-compositeur Sylvain Lebel, qui fit la connaissance d'Andrée par l'intermédiaire de Claude Lemesle. Celui-ci avait découvert la jeune artiste un peu plus tôt au Festival du Théâtre National de Spa (un article de la Gazette de Liège du 04/08/1977 évoque Cinq sans cou, spectacle de la troupe Arlequin de Liège avec José Brouwers, Christian Cheneaux, Christiane Eppe et Alex Tasset, guidés par la musique d'Andrée Simons). Il exprima son ressenti, cité par Daniel Pantchenko dans le N°28 de la revue Chorus (Les Cahiers de la chanson).
Claude Lemesle: "L'écriture me touchait, me correspondait. Elle mêlait une grande force et une fragilité qu'on retrouvait d'ailleurs sur scène. C'était une écriture très vraie, très humaine, qui aurait pu s'adapter à un grand nombre d'interprètes. Même si elle était très habile, elle était aux antipodes de l'artificialité qui prévaut parfois aujourd'hui." [A Notes - revue de la Sacem N°153, 1998]
Le cœur violon ne rencontra pas le succès escompté et, bien qu'Andrée fit un passage remarqué au Cloître des Lombards (Paris 1er) en avril 1981, elle en fut profondément affectée. Sa fragilité psychologique et ses problèmes de santé récurrents l'entraînèrent vers une descente inexorable. Elle mourut en juillet 1984, discrètement, à l’image de sa vie : "seulement en visite sur notre planète" comme le dit si bien Georges Pradez qui la recueillit un temps à Bruxelles. [Chenot F. in Wangermée R. (dir.), 1995. - Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, Éditions Mardaga, Bruxelles: 368 pp.]
Malgré un indéniable talent, Andrée Simons ne perça jamais réellement. Reconnue dans le milieu de la chanson, elle ne fut pas oubliée pour autant, un certain nombre d'artistes ayant revisité son œuvre. Citons par exemple Natacha Ezdra qui lui consacra un album entier en 2000, après une tournée avec Gilles Vigneault. A force de me promener (Scalen 025702 SCA/470) contient, outre la chanson-titre: Chez elle, Marie de Grâce-Berleur, Les femmes de ta vie, Christine, Un point dans la nuit, Je voudrais dormir, Ça s'arrange pas, Le cœur violon, Place Stanislas et Laisse-moi tranquille.
A noter qu'en 1998 est paru le coffret La Chanson du Siècle, édité par le Reader's Digest. En première partie du troisième disque - intitulée Les poètes, Bruant et Montmartre, on retrouve deux chansons de Brassens interprétées par Andrée Simons: Il n'y a pas d'amour heureux et Chanson pour l'auvergnat. Toujours chez le même éditeur, n'oublions pas non plus Chansons de Fraternité et d'amitié (2001), autre coffret qui comporte, dans l'ordre: Pauvre Martin, Le vieux Léon, Chanson pour l'auvergnat et Le Parapluie. Quatre titres pour quatre interprètes, à savoir Andrée Simons, Anne Sylvestre, Juliette Gréco et Rika Zaraï. Y figure également Les amis de Georges, que Moustaki créa en hommage à celui qui fut son mentor.
- Voir aussi la page Facebook consacrée à Andrée Simons -
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