À l'époque où Georges Brassens possédait le Moulin de la Bonde, une maison située à Crespières (78) au bord du Ru de Gally, un voisin assez proche n'était autre que Bourvil. Ce dernier avait une propriété à Montainville, commune située à une dizaine de minutes de voiture de Crespières et accessible par une petite route passant près du camp militaire de Frileuse.
Les deux artistes s'appréciaient beaucoup, tant professionnellement que personnellement. Ils avaient en commun un grand respect des autres, mais aussi la même pudeur, la même timidité. Brassens s'en était d'ailleurs entretenu avec le père Christian Doumairon, lors d'une interview menée par ce dernier en avril 1980. Cela explique que, du fait de leur envie de se rencontrer, ils usaient de prétextes divers pour aller l'un chez l'autre (Georges avait fait le premier pas sur l'insistance de son père, qui était un inconditionnel admiratif): Brassens venait demander des conseils à Bourvil pour l'achat d'une tondeuse à gazon ou d'un petit tracteur, ou bien Bourvil allait chercher des pièges à taupes chez Brassens. Une brève de la Feuille d’Avis du Valais du 31/07/1969 fait allusion à ces rencontres autour du jardin via un extrait d'interview de l’interprète du rôle d'Augustin Bouvet dans La Grande Vadrouille (1966).
En se retrouvant autour d'une table, tous deux partageaient une connaissance encyclopédique de la chanson française (un soir, chez Bourvil au 12 du boulevard Suchet - Paris 16e, ils s'étaient livrés à un jeu où l'un annonçait un titre et l'autre devait chanter un couplet ou le refrain. Jusque tard dans la nuit, plus de cent chansons étaient passées en revue sans qu'aucun d'eux - ni même la chanteuse Pierrette Bruno également présente - ne soit collé) et échangeaient également sur divers sujets littéraires, se conseillaient parfois quelque lecture. Des liens étroits se sont tissés entre eux. Suffisamment pour qu'il soit arrivé que, par la suite, Bourvil confie sa gouvernante à Brassens pour aider lors d'occasions particulières où ce dernier recevait du monde. À ce propos, Pierre Berruer - par ailleurs auteur de l'ouvrage Bourvil, du rire aux larmes (1975) - raconte une anecdote mettant en scène Georges et René Fallet seuls chez Bourvil, voulant boire un Ricard sans oser demander quoi que ce soit à la gouvernante de ce dernier. [Berruer P. - La marguerite et le chrysanthème - pp. 102-103]
Au sein du monde du spectacle, les deux amis ont eu l'occasion de se retrouver le 06/12/1967 au Palais de Chaillot pour un gala en faveur de l'association Perce-Neige, œuvre de Lino Ventura. Outre ce dernier, ils y ont côtoyé Jean Gabin, Fernandel, André Verchuren et Édouard Duleu, président de l'Union nationale des accordéonistes français.
Le poète sétois a rendu hommage à son ami acteur, chanteur et humoriste dans une émission diffusée sur TF1 le 28/12/1975: À la rencontre de Bourvil, réalisée par Alice Tacvorian.
A son domicile de la rue Santos-Dumont, il s'entretient avec Robert Beauvais, évoquant celui qu’il voyait le parfait honnête homme, façon XVIIe siècle. L'interview est entrecoupée d'images d'archives de Bourvil évoquant Brassens.
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