A propos de ce blog

C'est durant ma petite enfance que j'ai découvert l’œuvre de Georges Brassens, grâce à mon père qui l’écoute souvent durant les longs trajets en voiture. Sur la route des vacances estivales, j'ai entendu pour la première fois Le Petit Cheval alors que je n'avais que 4 ans. C'était en août 1981. Au fil des années, le petit garçon que j'étais alors a découvert bien d'autres chansons. Dès l'adolescence, Georges Brassens était ancré dans mes racines musicales, au même titre que Jacques Brel, Léo Ferré, Barbara et les autres grands auteurs-compositeurs de la même génération. M’intéressant plus particulièrement à l’univers du poète sétois, je me suis alors mis à réunir ses albums originaux ainsi que divers ouvrages et autres documents, avant de démarrer une collection de disques vinyles à la fin des années 1990. Brassens en fait bien entendu partie. Cet engouement s’est accru au fil du temps et d’évènements tels que le Festival de Saint-Cyr-sur-Morin (31/03/2007) avec l’association Auprès de son Arbre. À l’occasion de la commémoration de l’année Brassens (2011), j’ai souhaité créer ce blog, afin de vous faire partager ma passion. Bonne visite... par les routes de printemps !

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"Chaque fois que je chante une chanson, je me fais la belle." Georges Brassens

samedi 14 mars 2015

Georges Brassens, Manitas de Plata et la guitare

Ricardo Baliardo dit Manitas de Plata ("Petites mains d'argent") est né le 07/08/1921 à Sète, dans une roulotte du quartier dit de la Passerelle, quai des Moulins, où sa famille avait élu domicile, son père étant marchand de chevaux. Deux mois et demi plus tard, le 22/10, c'est au tour de Georges Brassens de venir au monde à deux pas de là au 54, rue de l’Hospice, (aujourd’hui : 20, rue Georges Brassens).

Tous les deux vont se passionner très tôt pour la musique, la guitare allant devenir leur point commun: classique pour Brassens, plutôt style manouche pour Manitas de Plata. Ils se croisent régulièrement dans Sète, mais ne se rapprocheront et ne tisseront des liens que lorsqu'ils connaîtront la célébrité, à partir du milieu des années 1950. À plusieurs reprises, ils se croiseront dans les tournées.

C'est le photographe Lucien Clergue, découvreur de Manitas de Plata, qui présentera ce dernier à des célébrités locales et nationales. La consécration mondiale pour le guitariste gitan se dessinera lors d'une rencontre entre Clergue et le directeur artistique Alan Silver, à l'occasion d'une exposition photographique du premier au Museum of Modern Art de New York.

Manitas de Plata, Georges Brassens et Colette Chevrot © Bernard Baraillé

En 1959, Manitas est invité avec Georges Brassens par Madeleine Attal, directrice de Radio Montpellier. L'évènement est immortalisé par une série de photos prises par Bernard Barraillé dans le studio de la rue République. Sur celle présentée ci-dessus, on reconnaît Colette Chevrot, aux côtés du poète sétois.

Les deux guitaristes sétois se fréquentent peu dans leur ville natale, sauf pendant les vacances, sur les bords de l'étang de Thau, dans la cabane itinérante de leur ami pêcheur Laurent Spinozi dit Lolo. Ce lieu de tranquillité, difficilement repérable, leur permet de se détendre tout en évitant les regards indiscrets. Soupe de poissons, moules à l'escabèche... De conviviales et joyeuses réunions où l'on peut parfois croiser des personnalités comme Brigitte Bardot ou encore Salvador Dali. Quant à Manitas, il égaye ces rencontres au son de sa guitare.

Georges et lui se retrouveront aussi à Saint-Tropez (83) en 1962, ainsi que le relate Bernard Lonjon dans son livre J'aurais pu virer malhonnête (2010). Il y cite un extrait de dialogue croustillant qui en dit long sur l'amitié et l'humour des deux artistes: 

Manitas de Plata: "Un jour, j'y rencontre Georges Brassens. Je l'aime bien et je sais qu'il est de Sète aussi... je lui dis que j'admire beaucoup ce qu'il fait. J'ajoute :
       - On ne peut pourtant pas dire que tu chantes bien...

       - Ce que je fais, ça n'est pas du chant.
       - On ne peut pas dire non plus que tu joues bien de la guitare.
       - Hé, mais je ne joue pas de la guitare !


Et, en grognant, il trempe sa moustache dans son verre d'eau minérale.

      - En somme, tu ne sais pas chanter, tu ne sais pas jouer de la guitare. Ça doit être ce qu'on appelle un poète !

Brassens éclate de rire. Depuis nous sommes amis. Mais il se venge. Quand je l'invite à l'un de mes concerts, il me répond toujours :

      - Je ne viendrais que si ça ne dure pas plus d'un quart d'heure. J'aime bien le flamenco, mais, au bout d'un quart d'heure, ça m'emmerde !" [in Manitas de Plata, 1976. Musique aux doigts, récit recueilli par Jean Boissieu. Robert Laffont, 321 pp.]

Il est intéressant de noter qu'une collaboration musicale a failli être mise sur pied. Manitas de Plata s'était en effet vu proposer de participer aux sessions du double album Brassens-Moustache jouent Brassens en jazz (Philips 6679 023), paru le 23/01/1979. Faute de disponibilité, il avait dû décliner l'offre, pensant que ce n'était que partie remise. Malheureusement, la disparition de Brassens deux ans plus tard annulera le projet.

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