Pour être libre, l'amour ne peut être que gratuit et doit faire fi des obstacles de classe sociale ou de croyance. C'est ce thème que Georges Brassens développe dans Les croquants, chanson qui est restée relativement à l'écart de la grande
popularité (éclipsée par les titres forts de l'époque: Je me suis fait tout petit, Auprès de mon arbre et Marinette), comme le note Didier Agid dans son Brassens (2009).
Dans cette fable en alexandrins, partagée entre ravissement et cruauté, est mise en scène Lisa, jeune femme issue de La chasse aux papillons et dont l'amour ne s'achète pas. Ainsi que l'écrit René Fallet, sa chair de liberté
Dans la fraîcheur de son étreinte, on retrouve, à chaque rencontre:
Et Brassens y attache du prix, contrairement à la doña Sabine de Guitare, poème de Victor Hugo dont il a tiré Gastibelza (l'homme à la carabine). Celle que le protagoniste compare en beauté à la reine d'Égypte antique Cléopâtre VII Théa Philopator, n'a en effet pas suivi le même chemin:
A travers l'histoire de Lisa, l'on perçoit une contribution artistique du poète sétois au mouvement de libération de la femme. Il prône le droit pour celle-ci de pleinement maîtriser son destin, et d’être maîtresse de son corps. Ce concept d'une sexualité libérée, sans tabous, uniquement positive se retrouve également dans Embrasse-les tous, Le Mouton de Panurge, Le Nombril des femmes d’agent, Mélanie, La Première Fille et La Religieuse. Georges nous fait également réfléchir sur les clivages sociaux, point sur lequel des parallèles peuvent être faits avec Le Bistro, Le Boulevard du temps qui passe, L’Épave, La Mauvaise Herbe, La Mauvaise Réputation, Le Petit Joueur de flûteau, mais aussi deux poèmes de Jean Richepin qu'il a mis en musique: Les Oiseaux de passage et Philistins.
Dans cette fable en alexandrins, partagée entre ravissement et cruauté, est mise en scène Lisa, jeune femme issue de La chasse aux papillons et dont l'amour ne s'achète pas. Ainsi que l'écrit René Fallet, sa chair de liberté
C'est pour la bouch' du premier venu
Qui a les yeux tendre' et les mains nues...
Dans la fraîcheur de son étreinte, on retrouve, à chaque rencontre:
La première fill'
Qu'on a pris' dans ses bras
Et Brassens y attache du prix, contrairement à la doña Sabine de Guitare, poème de Victor Hugo dont il a tiré Gastibelza (l'homme à la carabine). Celle que le protagoniste compare en beauté à la reine d'Égypte antique Cléopâtre VII Théa Philopator, n'a en effet pas suivi le même chemin:
Sabine un jour
A tout vendu, sa beauté de colombe
Tout son amour
Pour l'anneau d'or du Comte de Saldagne
Pour un bijou;
A travers l'histoire de Lisa, l'on perçoit une contribution artistique du poète sétois au mouvement de libération de la femme. Il prône le droit pour celle-ci de pleinement maîtriser son destin, et d’être maîtresse de son corps. Ce concept d'une sexualité libérée, sans tabous, uniquement positive se retrouve également dans Embrasse-les tous, Le Mouton de Panurge, Le Nombril des femmes d’agent, Mélanie, La Première Fille et La Religieuse. Georges nous fait également réfléchir sur les clivages sociaux, point sur lequel des parallèles peuvent être faits avec Le Bistro, Le Boulevard du temps qui passe, L’Épave, La Mauvaise Herbe, La Mauvaise Réputation, Le Petit Joueur de flûteau, mais aussi deux poèmes de Jean Richepin qu'il a mis en musique: Les Oiseaux de passage et Philistins.
Quant aux Croquants que dédaigne Lisa, ce sont des petits-bourgeois (les culs cousus d'or) bien installés dans leurs certitudes et idées préconçues. Décrivant leur attitude pathétique, Brassens utilise volontairement un vocabulaire précis et démonstratif. Mais intéressons-nous à l'histoire du mot "croquant", utilisé auparavant dans Brave Margot et Chanson pour l'Auvergnat. Dans Les mots de Brassens, Loïc Rochard nous apprend qu'aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce nom péjoratif désignait les paysans insurgés de Guyenne, du Limousin, de Normandie, du Périgord et du Quercy. Les principales causes des jacqueries des croquants ayant été d'ordre fiscal. Si l'on situe parfois l'origine de ces soulèvements dans la commune de Crocq (23) [D'Aubigné, Hist. III, 382], le peuple désignait la noblesse par le terme de "croquants", disant
qu'ils ne demandaient qu'à croquer le peuple. Ce sobriquet a été ensuite retourné sur les mutins, à qui il fut finalement assimilé. Mais
"croquant" ayant une connotation injurieuse, ils préférèrent s’appeler entre eux les "tard-avisés" ou les "chasse-voleurs" selon les régions. [Dictionnaire de l'Académie française - huitième édition, 1932-1935] Via les évolutions linguistiques, ce mot désigne aujourd'hui les personnes de rien, sans consistance, sans valeur.
Dans le poème de Brassens, les fill's de bonnes vie s'attirent elles aussi des commentaires très durs [Sallée A., 1991. Brassens - p. 69]:
(...) la fleur qu'on y trouve est garanti' longtemps,
Comm' les fleurs en papier des chapeaux
Les fleurs en pierre des tombeaux...
Perle cachée de la discographie brassénienne, Les croquants sont habillés d'une mélodie sur un rythme proche de la valse. Cette musique date en réalité de 1943. Elle fut créée pour Les chansons sont des souvenirs (texte qui a été recopié par Maurice Remiot - ami de René Iskin - sur le petit cahier de Basdorf et a fait l'objet d'un dépôt à la Sacem le 31/05/1944 [Liégeois J.-P., 2007. Georges Brassens - Œuvres complètes - p. 497]). L'enregistrement des croquants (déposée en 1955) a lieu le 18/01/1956 au Studio Apollo avec Pierre Fatosme dans le fauteuil d'ingénieur du son et sous la supervision de Jacques Canetti et André Tavernier. La parution intervient en mars de la même année sur le 33T 25 cm Georges Brassens sa guitare - n°4 (Philips N 76 064 R).
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