La collection Poètes d’aujourd’hui fut lancée par Pierre Seghers avec pour vocation de rendre la poésie
contemporaine accessible au plus grand nombre. Il s'agit de monographies dont le but est de guider les lecteurs dans l’œuvre d’un auteur à travers une étude
consacrée à celui-cite, ainsi qu'une sélection de textes. L'ensemble est illustré de diverses photos. C'est un volume consacré à Paul Éluard qui, sorti de l’Imprimerie du Salut public de Lyon, initia la série le 10/05/1944, sous la plume de Louis Parrot. En tout, 270 numéros se succédèrent, dans un petit format presque carré (15,5 cm × 13,5 cm), préfigurant le livre de poche. L'ultime opus, dédié au poète et nouvelliste normand Jude Stéfan (par Michel Sicard), parut en 1994.
Outre ses activités d'éditeur, Pierre Seghers fut lui-même poète et aussi auteur de nombreuses chansons. Parmi ses interprètes: Béatrice Arnac, Simone Bartel, Aimé Doniat, Jacques Douai, Jacques Doyen, Léo Ferré, Juliette Gréco, Serge Kerval, Roger Lahaye, Hélène Martin, Monique Morelli, Marc Ogeret, Catherine Sauvage, Francesca Solleville, Les Trois Ménestrels...
"La chanson est, je crois, plus naturellement partagée. Elle est une activité de l’homme plus directement sensuelle, où la parole, le chant, le mouvement sont intimement liés. (…) Ni la cadette, ni l’aînée de la poésie, elle fait partie au même titre que la poésie, du trésor d’une langue."
Ces propos, écrits en préface du premier tome du recueil Chansons et complaintes (1958), témoignent de ce que l'auteur de Merde à Vauban et de Des filles, il en pleut... (mises en musique et interprétées par Léo Ferré) tint la chanson en haute estime. Pour lui, c'est une sœur de la poésie. Les deux sont nourries par la même sève, animées par le même souffle. Considérant le lien entre les œuvres des poètes et celles des grands auteurs-compositeurs-interprètes (les premiers sont parfois mis en musique par les seconds), Seghers fit entrer (en quelque sorte) dès 1962 le quatrième art dans la collection Poètes d'aujourd'hui, avec le N°93 rédigé par Charles Estienne et consacré à Léo Ferré. Suivront Georges Brassens par Alphonse Bonnafé (N°99), Jacques Brel par Jean Clouzet (N°119), Charles Aznavour par Yves Salgues (N°121), Félix Leclerc par Luc Bérimont (N°123), Charles Trenet par Michel Perez, (N°125), Guy Béart par Robert Beauvais (N°131) et Anne Sylvestre par Jean Monteaux (N°144). Bien que ces entrées ne firent pas l'unanimité, elles enfantèrent une nouvelle collection intitulée Poésie et chansons, pour accueillir uniquement les auteurs-compositeurs-interprètes. Les huit opus précédemment cités furent alors réédités dans le même ordre, sous une numérotation de 1 à 8. La continuité étant assurée avec Jean-Roger Caussimon par Léo ferré (N°9), Barbara par Jacques Tournier (N°10), Serge Gainsbourg par Lucien Rioux (N°11)... Gilles Vigneault, qui eut intégré la collection Poètes d'aujourd'hui sous le N°191 également via les mots de Lucien Rioux, vit sa monographie réédité sous le N°12. Il est intéressant d'écouter Pierre Seghers, qui évoque tous ces sujets en interview dans l'émission littéraire de Claude Mossé En toutes lettres (RTS, 31/01/1967):
Intéressons-nous plus particulièrement à l'opus N°99, publié au début du quatrième trimestre 1963 dans la collection Poètes d'aujourd'hui et consacré à Georges Brassens et dont la version refondue et augmentée est présentée ci-dessous (Il en existe une rare édition de luxe reliée toile, imprimée le 08/10/1965 [Source: Auprès de son Arbre], incluant des photos supplémentaires). C'est à Alphonse Bonnafé, professeur de français de ce dernier au collège de Sète, que revint l'honneur de l'écrire. Pierre Seghers, lui, n'eut pas de relation personnelle suivie avec Georges. Gibraltar nous narre l'histoire.
Pierre Onténiente: "En fait, au départ, ce sont les éditions Seghers qui ont sollicité Georges pour qu'un livre lui soit consacré. Et Georges leur a répondu: "D'accord, mais c'est moi qui choisis l'auteur." Il n'envisageait pas alors d'être présenté par quelqu'un d'autre que ce professeur pour lequel il avait une grande admiration. Il faut dire aussi que Bonnafé était quand même plus qu'un professeur de littérature. Il était devenu un ami auquel Georges, du moins au début, soumettait ses textes. L'avis de Bonnafé, qui l'avait ouvert à la poésie dès le collège, comptait énormément pour lui. On s'est donc adressé à Bonnafé. Ça n'a pas été simple, d'ailleurs, car il était en poste à Tananarive à ce moment-là. Et tout s'est fait pas correspondance: à l'époque, les courriers entre la France et Madagascar mettaient quinze jours à arriver ! De mon côté, je ne connaissais pas encore Bonnafé, j'en avais seulement entendu parler. (...)" [Vassal J., 2006. Brassens, le regard de "Gibraltar" - pp. 174-175]
C'est par l'intermédiaire d'Alphonse Bonnafé que Brassens fit son entrée en Sorbonne un peu plus de cinq ans avant que le livre ne sorte. Le soir du 17/04/1958 très exactement, comme le confirme une photo publiée par Jacques Vassal dans Brassens, le regard de "Gibraltar", laquelle montre le sétois en compagnie de Püpchen, René Fallet et... Jean-Paul Sartre. Parti enseigner à Tananarive, celui qui fut surnommé "le Boxeur" (car il eut été champion de France universitaire dans ce sport) revint à l'occasion d'une présentation littéraire, accompagné d'un groupe de quatre chanteurs et chanteuses malgaches qui donnèrent un récital en grec ancien et en latin dans le grand amphithéâtre. Bonnafé, bien sûr, n'oublia pas Georges et le convia à participer à la séance, en ce lieu proche de celui où étudia François de Montcorbier dit Villon, après être passé par la faculté des arts de Paris. En 1963, une thèse fut consacrée à l’œuvre brassénienne par Annie Guyot, une enseignante de 28 ans qui initie ses élèves à la poésie et à la versification à partir des chansons du sétois moustachu. Valeurs expressives du français dans la chanson moderne, c'est son titre, fut présentée en Sorbonne, Annie Guyot recevant la mention "bien". Son travail de recherche et d'analyse lui permit de rencontrer Georges, impasse Florimont. Une entrevue relatée par Henriette Chandet dans un reportage co-réalisé avec Hubert de Segonzac: "Brassens en Sorbonne: mention bien" (Paris Match, 28/09/1963). D'autres journaux se firent l'écho de l'évènement. Citons par exemple Les Nouvelles Littéraires, avec Brassens avec et sans musique, un article de Michel Perrin daté du 03/10/1963, ou encore Nous Deux de décembre 1963 avec un article de Christian Darcy titré: "Georges Brassens - Un vrai poète". Certains mettent également en avant le N°99 de la collection Poètes d'aujourd'hui, comme Michel Perez avec Brassens, sujet de thèse (Combat, 11/09/1963), La chronique de poésie de René Lacôte dans Les Lettres Françaises de 19/09/1963, et Brassens-Chevalier - Rentrée sur deux fronts par Germaine Cosiva et Nathalène Davezac (Elle, 27/09/1963). Les deux premiers articles louent l’œuvre de Brassens et tentent d'apaiser quelque querelle à travers leurs analyses et opinions respectives, ainsi que leur volonté de réintroduire la chanson dans la considération des lecteurs de poésie. Toutefois, ils sont en désaccord avec le style et le ton de la monographie d'Alphonse Bonnafé. Sur un ton plutôt élogieux, on trouve Brassens chez les poètes de Jean O'Neil dans La Presse (Montréal) 05/10/1963 et Georges Brassens vu par Alphonse Bonnafé (Le Midi Libre, 27/11/1963).
L'opus Brassens des éditions Seghers est accompagné un disque très particulier - EP 33T 17 cm - vit le jour la même année: Georges Brassens dit et chanté Denise Benoit (Adès Seghers P 37 LA 4032). La chanteuse y est accompagnée par Barthélémy Rosso (guitare), Fernand Garbasi (guitare), Roger Terrien (guitare), Lino Pirollo (xylo-glock) et Pierre Nicolas (contrebasse). Les arrangements sont de Barthélémy Rosso. Le disque comporte huit titres:
Face 1
1. Saturne
2. Dans l'eau de la claire fontaine
3. La marche nuptiale
4. Les sabots d'Hélène
Face 2
1. Le nombril des femmes d'agents
2. Tonton Nestor
3. Oncle Archibald
4. Le vent
Outre ses activités d'éditeur, Pierre Seghers fut lui-même poète et aussi auteur de nombreuses chansons. Parmi ses interprètes: Béatrice Arnac, Simone Bartel, Aimé Doniat, Jacques Douai, Jacques Doyen, Léo Ferré, Juliette Gréco, Serge Kerval, Roger Lahaye, Hélène Martin, Monique Morelli, Marc Ogeret, Catherine Sauvage, Francesca Solleville, Les Trois Ménestrels...
"La chanson est, je crois, plus naturellement partagée. Elle est une activité de l’homme plus directement sensuelle, où la parole, le chant, le mouvement sont intimement liés. (…) Ni la cadette, ni l’aînée de la poésie, elle fait partie au même titre que la poésie, du trésor d’une langue."
Ces propos, écrits en préface du premier tome du recueil Chansons et complaintes (1958), témoignent de ce que l'auteur de Merde à Vauban et de Des filles, il en pleut... (mises en musique et interprétées par Léo Ferré) tint la chanson en haute estime. Pour lui, c'est une sœur de la poésie. Les deux sont nourries par la même sève, animées par le même souffle. Considérant le lien entre les œuvres des poètes et celles des grands auteurs-compositeurs-interprètes (les premiers sont parfois mis en musique par les seconds), Seghers fit entrer (en quelque sorte) dès 1962 le quatrième art dans la collection Poètes d'aujourd'hui, avec le N°93 rédigé par Charles Estienne et consacré à Léo Ferré. Suivront Georges Brassens par Alphonse Bonnafé (N°99), Jacques Brel par Jean Clouzet (N°119), Charles Aznavour par Yves Salgues (N°121), Félix Leclerc par Luc Bérimont (N°123), Charles Trenet par Michel Perez, (N°125), Guy Béart par Robert Beauvais (N°131) et Anne Sylvestre par Jean Monteaux (N°144). Bien que ces entrées ne firent pas l'unanimité, elles enfantèrent une nouvelle collection intitulée Poésie et chansons, pour accueillir uniquement les auteurs-compositeurs-interprètes. Les huit opus précédemment cités furent alors réédités dans le même ordre, sous une numérotation de 1 à 8. La continuité étant assurée avec Jean-Roger Caussimon par Léo ferré (N°9), Barbara par Jacques Tournier (N°10), Serge Gainsbourg par Lucien Rioux (N°11)... Gilles Vigneault, qui eut intégré la collection Poètes d'aujourd'hui sous le N°191 également via les mots de Lucien Rioux, vit sa monographie réédité sous le N°12. Il est intéressant d'écouter Pierre Seghers, qui évoque tous ces sujets en interview dans l'émission littéraire de Claude Mossé En toutes lettres (RTS, 31/01/1967):
Pierre Onténiente: "En fait, au départ, ce sont les éditions Seghers qui ont sollicité Georges pour qu'un livre lui soit consacré. Et Georges leur a répondu: "D'accord, mais c'est moi qui choisis l'auteur." Il n'envisageait pas alors d'être présenté par quelqu'un d'autre que ce professeur pour lequel il avait une grande admiration. Il faut dire aussi que Bonnafé était quand même plus qu'un professeur de littérature. Il était devenu un ami auquel Georges, du moins au début, soumettait ses textes. L'avis de Bonnafé, qui l'avait ouvert à la poésie dès le collège, comptait énormément pour lui. On s'est donc adressé à Bonnafé. Ça n'a pas été simple, d'ailleurs, car il était en poste à Tananarive à ce moment-là. Et tout s'est fait pas correspondance: à l'époque, les courriers entre la France et Madagascar mettaient quinze jours à arriver ! De mon côté, je ne connaissais pas encore Bonnafé, j'en avais seulement entendu parler. (...)" [Vassal J., 2006. Brassens, le regard de "Gibraltar" - pp. 174-175]
L'opus Brassens des éditions Seghers est accompagné un disque très particulier - EP 33T 17 cm - vit le jour la même année: Georges Brassens dit et chanté Denise Benoit (Adès Seghers P 37 LA 4032). La chanteuse y est accompagnée par Barthélémy Rosso (guitare), Fernand Garbasi (guitare), Roger Terrien (guitare), Lino Pirollo (xylo-glock) et Pierre Nicolas (contrebasse). Les arrangements sont de Barthélémy Rosso. Le disque comporte huit titres:
Face 1
1. Saturne
2. Dans l'eau de la claire fontaine
3. La marche nuptiale
4. Les sabots d'Hélène
Face 2
1. Le nombril des femmes d'agents
2. Tonton Nestor
3. Oncle Archibald
4. Le vent
A noter que Saturne, La marche nuptiale, Le nombril des femmes
d'agents et Oncle Archibald sont simplement dites, tandis que les autres sont chantées. Tous les titres apparaissent dans en encadré situé en bas à droite du verso de la pochette. Figurent également des renvois aux pages correspondantes du N°99 de la collection Poètes d'aujourd'hui, dont la première de couverture est reprise pour illustrée le recto de la pochette. les photos sont respectivement de Jean-Pierre Leloir (Georges Brassens) et Nicolas Treatt (Denise Benoit). Le disque est préfacé par Pierre Seghers. On remarque que le texte en question est surmonté du chapeau suivent: COLLECTION "POÈTES D'AUJOURD'HUI" sous la direction littéraire de Pierre SEGHERS. En présentant Brassens, l'auteur des Voyous, de La Panthère et de La vie s'évite (toutes trois interprétées par Juliette Gréco) met en avant la qualité de ses textes: "(...) nous sommes en présence d'un vrai poète, qui rejoint d'un seul coup troubadours et trouvères." Cette citation renvoie à sa vision de la chanson, se qui se retrouve dans les titres de certaines des siennes: Les Amours légendaires, Beauté, mon beau souci, Le Cœur félon, Les Gisants... Dans Le Livre d'or de la poésie française, seconde partie (tome 1): "De 1940 à 1960" publié en 1969, Seghers écrivit ceci: "Fabliaux et complaintes, villanelles et balades, poésie de Rutebeuf et de Paul Fort, Brassens retrouve naturellement ses sources. Son langage poétique est d'ancienne lignée. Un arbre bien enraciné dans notre poésie, son écorce est rude mais vivante la sève. Il a fait plus pour les poètes que cente ans de critiques et de plaquettes confidentielles, en réveillant le goût, le besoin de poésie dans un innombrable public." Il paraît intéressant de confronter sa vision de ce qu'est la chanson, le rapprochement qu'il fait avec la poésie, et les propos de Georges eut sur les même sujets en présence de Jacques Charpentreau préparant son ouvrage Georges Brassens et la poésie quotidienne de la chanson (1960):
Georges Brassens: "Bien sûr, la poésie et la chanson, c'est la même chose, mais on ne peut quand même pas chanter très haut. La chanson, c'est pour tout le monde. Au départ, celui qui veut lire des vers, doit faire le premier pas. Ce n'est pas la cas pour la chanson. Celui qui écoute une chanson est plus passif.
Il y a heureusement des gens qui s'intéressent à la chanson. C'est une poésie à la portée de toutes les bourses. Les gens acceptent ce que je fais parce que je n'ai pas l'air d'un littéraire. Bien sûr que j'en suis un."
Mais Brassens sourit toujours à l'idée d'être considéré comme poète. Il préféra se dire parolier qui fait des chansons, qui essaie d'écrire des paroles convenables. Avec humilité et respect pour la poésie, il dit à Luc Bérimont:
Georges Brassens: "J'ai un certain talent pour se faire rencontrer les mots les uns aux autres, mais je crois que ce n'est pas véritablement de la poésie, c'est une espèce d'habileté, de sensibilité poétique, c'est une certaine tendresse que je mets dans mes chansons."
C'est mots sont issus d'un entretien programmé dans le cadre de l'émission radiophonique La parole est à la nuit, diffusée le 09/05/1958. Brassens parla de son entrée dans la collection Poètes d'aujourd'hui dans au moins trois autres émissions: Tout d'abord avec Georges Bortoli, dans le cadre de la rubrique A la vitrine du libraire du Journal Télévisé (21/09/1963):
Suivirent Avant-Premières (29/09/1963) et La Vie Des Lettres (10/10/1963). Dans son Journal de A à Z sur Brassens, René Fallet note, le 03/10/1963: "Georges à Bobino. Et dans la collection des "Poètes d'aujourd'hui". C'est le triomphe enfin avoué et officiel de ceux qui, voilà dix ans, criaient au poète pour les sourds." [Fallet R., 1967 (réédition 2005). Brassens par René Fallet - pp. 127-128] L'homme de lettres Brassens est donc reconnu. Gabriel García Márquez, peu après avoir reçu le prix Nobel de littérature, écrivit dans Le Clairon de Buenos Aires daté du 12/12/1982: "Il y a quelques années, au cours d'une discussion littéraire, quelqu'un demanda quel était le meilleur poète du moment en France. J'ai répondu sans hésitation: Brassens. Certains, qui le sous-estimaient parce qu'il enregistrait des disques plutôt que d'écrire des livres, tinrent pour acquis que je disais cela par provocation. Seuls les compagnons de ma génération savaient que j'avais raison (...)."
Une anecdote pour conclure: Pierre Seghers, toujours, manifesta son estime pour les grands auteurs-compositeurs-interprètes. Dans cette optique, il soutint publiquement en 1983 la candidature de Charles Trenet à l’Académie française. "Trenet d’abord, on verra ensuite" eut dit Brassens lorsque suggestion lui eut été faite de postuler. Mais ceci est une autre histoire !
Georges Brassens: "Bien sûr, la poésie et la chanson, c'est la même chose, mais on ne peut quand même pas chanter très haut. La chanson, c'est pour tout le monde. Au départ, celui qui veut lire des vers, doit faire le premier pas. Ce n'est pas la cas pour la chanson. Celui qui écoute une chanson est plus passif.
Il y a heureusement des gens qui s'intéressent à la chanson. C'est une poésie à la portée de toutes les bourses. Les gens acceptent ce que je fais parce que je n'ai pas l'air d'un littéraire. Bien sûr que j'en suis un."
Mais Brassens sourit toujours à l'idée d'être considéré comme poète. Il préféra se dire parolier qui fait des chansons, qui essaie d'écrire des paroles convenables. Avec humilité et respect pour la poésie, il dit à Luc Bérimont:
Georges Brassens: "J'ai un certain talent pour se faire rencontrer les mots les uns aux autres, mais je crois que ce n'est pas véritablement de la poésie, c'est une espèce d'habileté, de sensibilité poétique, c'est une certaine tendresse que je mets dans mes chansons."
C'est mots sont issus d'un entretien programmé dans le cadre de l'émission radiophonique La parole est à la nuit, diffusée le 09/05/1958. Brassens parla de son entrée dans la collection Poètes d'aujourd'hui dans au moins trois autres émissions: Tout d'abord avec Georges Bortoli, dans le cadre de la rubrique A la vitrine du libraire du Journal Télévisé (21/09/1963):
Suivirent Avant-Premières (29/09/1963) et La Vie Des Lettres (10/10/1963). Dans son Journal de A à Z sur Brassens, René Fallet note, le 03/10/1963: "Georges à Bobino. Et dans la collection des "Poètes d'aujourd'hui". C'est le triomphe enfin avoué et officiel de ceux qui, voilà dix ans, criaient au poète pour les sourds." [Fallet R., 1967 (réédition 2005). Brassens par René Fallet - pp. 127-128] L'homme de lettres Brassens est donc reconnu. Gabriel García Márquez, peu après avoir reçu le prix Nobel de littérature, écrivit dans Le Clairon de Buenos Aires daté du 12/12/1982: "Il y a quelques années, au cours d'une discussion littéraire, quelqu'un demanda quel était le meilleur poète du moment en France. J'ai répondu sans hésitation: Brassens. Certains, qui le sous-estimaient parce qu'il enregistrait des disques plutôt que d'écrire des livres, tinrent pour acquis que je disais cela par provocation. Seuls les compagnons de ma génération savaient que j'avais raison (...)."
Une anecdote pour conclure: Pierre Seghers, toujours, manifesta son estime pour les grands auteurs-compositeurs-interprètes. Dans cette optique, il soutint publiquement en 1983 la candidature de Charles Trenet à l’Académie française. "Trenet d’abord, on verra ensuite" eut dit Brassens lorsque suggestion lui eut été faite de postuler. Mais ceci est une autre histoire !
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