Lisa Portelli... elle en a écumé, des scènes, avec la finesse fougueuse d'une imprévisible panthère qui donnait à sa poésie-rock et à sa guitare électrique un parfum à la fois tendre et rebelle. Puis elle a opéré un virage créatif, son rock s'est assagi et approfondi en un somptueux piano-voix qui planera sur Bois Baudry (77) en ce début de printemps qui a vu naître, le 1er avril, son nouvel album, L’innocence, au rythme des concerts parisiens qui prépareront les Francofolies de juillet.
Avant L’innocence, Lisa Portelli en trois albums avait su prendre de façon délicate une place remarquée dans la chanson faite en France, à la fois insolente et réfléchie, déjà portant haut la beauté des idées et du monde. Un jour au détour d’une rencontre, Lisa Portelli découvre le piano, et comme une évidence l’adapte à sa vision artistique. Point de rupture ici, mais un point de départ pour ce nouvel épisode de son voyage parmi les mots, les sons et les émotions. Ainsi, en douceur et profondeur, elle nous invite à une promenade, pas au sens d’une simple déambulation contemplative mais plutôt avec les sens aux aguets à regarder et à accepter les choix que la vie offre à ceux qui veulent bien le voir.
Avec l’arrivée du piano, sa voix s’autorise à être plus douce, la sensualité apparaît sans risque d’excès, sa trentaine a trouvé son partenaire artistique. Au même moment, la poésie devient une compagne de vie dans son processus créatif où l’errance a sa place, "Ma découverte de la poésie a changé ma façon d’écrire et de faire de la musique". L’être poétique domine la Lisa du quotidien, car "la poésie est un rapport au monde plus fort encore que la chanson." L’innocence irradie cet état d’esprit qui apaise les douleurs en paroles et musiques. Mais attention, ses chansons ne sont pas des poèmes, ses chansons restent simples à s’approprier,
ses chansons surtout n’oublient pas le corps de celui qui les entend.
Sur scène, accompagnée de son pianiste Alexis Campet, d’une boîte à rythme complice et parfois reprenant comme un plaisir retrouvé sa guitare, Lisa glisse des poèmes de Pessoa, Yeats... Ses propres textes empreints de cet amour de la poésie n’oublient jamais la beauté que ces phares lui ont donné et qui ont musclé son écriture. Cadeau de cet album important, le titre L’innocence qui au départ était destiné à Christophe, que Lisa a rencontré peu avant sa disparition ; la musique (avec elle au piano) est restée. Les paroles sont entre elle et lui. Également la présence tutélaire de Dani qui, de sa voix parlée, de sa vie même, sublime Prière. L’innocence insuffle des parfums inconnus et entêtants digne de fleurs du mal, il fait du bien là où on a mal sans trop savoir pourquoi, et c’est bien là le défi d’une poétesse qui laisse de la place à la musique.
Rendez-vous samedi 9 avril à 20H !
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