Et maintenant même où sont mes vieilles tristesses
De l’an dernier ? A peine si je m’en souviens.
Je dirais : laissez-moi tranquille, ce n’est rien
Si, dans ma chambre, on venait me demander qu’est-ce ?
De l’an dernier ? A peine si je m’en souviens.
Je dirais : laissez-moi tranquille, ce n’est rien
Si, dans ma chambre, on venait me demander qu’est-ce ?
Georges Brassens dit Il va neiger…, lors d'une des émissions de la série poétique Pirouettes réalisée par Claude Wargnier sur Europe 1, à la fin de l’année 1979.
Ces vers, les premiers que Georges Brassens lut de Francis Jammes et qu'il cite amicalement dans une lettre à Roger Toussenot datée du soir du vendredi 26/11/1948 [Marc-Pezet J., 2001. Georges Brassens - Lettres à Toussenot 1946-1950 - p. 96], sont issus du poème Il va neiger…, lui-même tiré du recueil De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir publié au Mercure de France en 1898. Tout comme J'aime l'âne..., également dit par Brassens dans la même émission Pirouettes, après avoir évoqué Jammes et son initiation à la poésie de celui-ci.*1 De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir est la première œuvre majeure de l’écrivain tournayais qui alla s'affirmer assez rapidement comme l'un des poètes les plus importants de l'après-symbolisme. Parmi celles qui suivirent figurent Le Deuil des primevères (1901), Le Triomphe de la vie (1902), Pensée des jardins (1906) et Clairières dans le ciel (1906), témoins d’une évolution progressive du style d’écriture de l’auteur du Jammisme (1897). Sous l’influence de son ami Paul Claudel, qu’il rencontra en 1900, Francis Jammes affina son style d’écriture, fixa sa versification - à l’origine libre - en optant majoritairement pour l’alexandrin. Une exception, toutefois: le Rosaire que Brassens adapta moins d’un demi-siècle plus tard pour créer sa chanson La Prière, évoquée plus loin.