Il y a le talent – cette explosion selon René Fallet – et le "savoir-faire" qu’on apprend à l’école ou à l’établi. Il avait les deux, une prédisposition au talent que la passion pour l’écriture amena à son meilleur niveau. Il y a la vie et il y a le "savoir-vivre" qui ne signifie pas la vie avec un mode d’emploi mais, selon René Fallet, l’expression d’une hypocrisie généralisée à laquelle il tourne résolument le dos. La littérature lui tient lieu de savoir-vivre. Grave erreur de sémantique. Selon ses propres notes, il se déchire avec entrain dans tous les barbelés que crée son imagination, il s’ennuie mortellement entre deux pages et s’ennuie déjà moins quand il écrit qu’il s’ennuie. Son goût pour la chose écrite avec grâce, qu’elle qu’en soit le sujet, littéraire, poétique, vélocipédique, footballistique ou halieutique, occupe une grande partie de son temps mais il s’ennuie dès qu’il lève les yeux de son pupitre. Alors il tombe amoureux, et croyant vivre un grand amour, il se prépare de tout son cœur à survivre dans ses décombres. Bref, il ne sait pas s’y prendre avec la vraie vie et ce n’est pas pour rien qu’il écrit en lettres géantes sur le mur de sa chambre "La vraie vie est absente". Paradoxalement, rien ne ressemble plus à la vraie vie que ces 450 pages de littérature singulière, inconvenantes, surprenantes et si parfaitement honnêtes…
René Fallet - Journal de 5 à 7, qui paraît ce jour même, est un journal sentimental et littéraire inédit qui couvre la période des années 1962 à 1983. L'auteur de La Grande Ceinture (1956) y exprime son anarchisme autant que son amour de la littérature, du cyclisme, du Paris d'avant la vitrification et la destruction des Halles. C'est aussi le journal de l'amitié, celle qui lie l'écrivain aimant les femmes mais aussi les parties de rigolades et de pêche à Georges Brassens, qui apparaît ici sous un jour inédit.
Inédit, Préface de Philibert Humm
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire