Et pourquoi nous haïr, et mettre entre les races
Ces bornes ou ces eaux qu’abhorre l’œil de Dieu ?
De frontières au ciel voyons-nous quelques traces ?
Sa voûte a-t-elle un mur, une borne, un milieu ?
Nations, mot pompeux pour dire barbarie,
L’amour s’arrête-t-il où s’arrêtent vos pas ?
Déchirez ces drapeaux ; une autre voix vous crie :
L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie ;
La fraternité n’en a pas !
Ces vers d’Alphonse de Lamartine ne laissèrent sans doute pas Georges Brassens indifférent, lui qui mit en musique le très beau poème Pensée des morts, paru dans le recueil Harmonies poétiques et religieuses (1830). Ici, il s’agit d’un extrait de La Marseillaise de la Paix, publiée par Lamartine dans la Revue des Deux Mondes, période initiale, tome 26, 1841, en réponse au Chant du Rhin (Rheinlied) que le poète allemand Nikolaus Becker inséra dans le recueil Das Nationallied „Sie sollen ihn nicht haben, den freien deutschen Rhein“. Mit 8 Melodien nach den beliebtesten Volksweisen bearbeitet (1840). Si Jean-Paul Sermonte cite les premiers alexandrins de Lamartine dans son éditorial du N°100 de la revue Les Amis de Georges (novembre-décembre 2007), c’est pour les mettre judicieusement en lien avec une chanson peu mise en avant, bien que figurant parmi les plus notables de l’œuvre de Brassens: La visite.
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J'ai rendez-vous avec vous
dimanche 28 juillet 2024
On venait leur dire en passant, un petit bonjour innocent...
mercredi 6 septembre 2023
Cette pauvre poigné’ de main(s) gisait, oubliée, en chemin...
Cette rose tombée, échappé de la gerbe de fleurs
Qu’un général (héros brave à trois poils) portait au monument aux morts,
Je te l’avais offerte en te parlant d’amour,
Et les morts ont crié: "Au voleur ! Au voleur !"
Ces vers, ébauchés dans le journal de Georges Brassens – et plus particulièrement dans le Cahier 1963-1981, aux pages datées de janvier 1969 [Brassens G. - Journal et autres carnets inédits - p. 141], allaient par la suite donner naissance à une très belle fable amenant une réflexion sur l’impossibilité d’établir des rapports gratuits avec des inconnus dans une société essentiellement régie par les rapports marchands. Le partage déçu, l'amitié offerte et refusée, tout comme l’idée qu'il y a autant de générosité à recevoir qu'à donner, imprègnent cette œuvre, considérée par nombre de spécialistes et d’admirateurs comme une des plus accomplies du répertoire du sétois moustachu.
mardi 23 mai 2023
Georges Brassens et Félix Leclerc : "Ce fut la rencontre de deux ours !"
"Te souviens-tu de notre première rencontre, en 1952 (…) ? C’est un journaliste québécois, Jacques Languirand, qui avait provoqué ce face-à-face. Racontant l’évènement lors d’une interview, à quelque temps de là, il précisait: "Le premier à grommelé quelques syllabes inaudibles, le second a grogné quelques sons incompréhensibles. Ce fut la rencontre de deux ours !" [Le Gresley R. - Pour vous Monsieur Brassens, d'affectueuses irrévérences - p. 154]
Les coulisses des Trois Baudets sont le cadre de cette histoire évoquée par Robert Le Gresley se mettant dans la peau de Félix Leclerc le temps d’un hommage intitulé Moi mes sabots. Des recherches seraient intéressantes à mener afin d’en savoir plus et de retracer précisément la première rencontre entre Georges Brassens et son aîné venu de la Belle Province. Le jeune journaliste québécois Jacques Languirand, qui en est à l’origine, pilotait Félix Leclerc dans Paris dès l’époque de sa consécration à l’ABC dont il a partagé la scène avec les Compagnons de la Chanson durant quatre semaines à partir du 22/12/1950.
mardi 7 juin 2022
"Et chercher sur la terre un endroit écarté... Où d’être homme d’honneur on ait la liberté."
La pipe au papa du Pape Pie pue
Cette célèbre locution que l’on trouve dans le poème de Jacques Prévert La crosse en l’air, écrit en 1936 et publié dans le recueil Paroles (1946), a sans doute beaucoup plus à Boby Lapointe, lui-même grand adepte de figures de style et de jeux de mots en tous genres. Et Georges Brassens n’était pas en reste, lui qui riait beaucoup en lisant l’auteur des Feuilles mortes et dont l’un des grands amis n’était autre que Raymond Devos. Effectuons un bond jusque dans les années 1950 afin de nous intéresser aux connivences et liens étroits entre ces deux artistes incontournables… et moustachus de surcroît !
lundi 1 février 2021
La Compagnie des œuvres: quatre émissions sur la vie et l'œuvre de Georges Brassens
© E. Mandelmann - CC BY-SA 3.0 |
Dans le cadre de La Compagnie des œuvres, émission quotidienne de France Culture dédiée au patrimoine culturel mondial, Matthieu Garrigou-Lagrange propose une semaine sur la vie et l'œuvre de Georges Brassens, du 1er au 04/02/2021. Sont donc prévus quatre épisodes consécutifs, diffusés de 15H à 16H, du lundi au jeudi. Voici la présentation de la série Georges Brassens nous rend heureux:
Troubadour égaré dans le siècle des machines, Brassens nous a légué une œuvre à l’écart du consensus et de la place publique, synthèse de l’argot de rue, du Moyen-Âge et du classicisme français. Préférant suggérer que dire, l’homme cultiva un esprit libre et anarchiste, non comme un dogme, mais comme une manière d’être au monde, grattant sa guitare comme des cordes de prison, croquant avec appétit les notes et les derrières.
Clémentine Deroudille, qui fut la co-commissaire - avec Joann Sfar - de la grande exposition Brassens ou la liberté en 2011, est l'invitée de l'émission d'aujourd'hui qui a pour titre La bohème de Georges Brassens. La jeunesse de l'artiste et la genèse de l’œuvre sont les thèmes abordés.
dimanche 24 février 2019
Raymond Devos et "l’ours bien léché de la chanson française"
Cette pensée fut celle de Raymond Devos lorsqu’il apprit la disparition de Georges Brassens. Invité du Journal Télévisé de 13H du 31/10/1981 sur Antenne 2 avec Philippe Chatel, André Larue et Patachou, il apporta son témoignage sur celui qu’il eut surnommé "l’ours bien léché de la chanson française" et avec qui il eut tissé une grande amitié. Leur prise de contact remonte à la première moitié des années 1950 aux Trois Baudets, où Devos fit ses premiers pas officiels en partageant l’affiche de la deuxième année du spectacle Sans issue en 1951 avec Robert Lamoureux, Pierre Dac et Francis Blanche, Félix Leclerc et Darry Cowl. À cette époque, il se produisait en duo avec Robert Verbecke qui l’avait sollicité pour jouer, à la guitare (il avait suivi des cours avec Cyril Dives au Théâtre Mouffetard dit "La Mouffe"), les enchaînements musicaux de La perle du Colorado, pièce de théâtre montée par Michel de Ré au Vieux-Colombier, avec Michel Piccoli, Georges Wilson et Barbara Laage. Ainsi étaient nés Les deux Pinsons : Raymond Devos à la guitare et Robert Verbecke au ukulélé reprenaient humoristiquement des chansons traditionnelles de music country (notamment La vieille truie (The Old Sow), Clémentine (My Darling Clementine), Le dindon digne (Yankee Doodle) ou encore You Are My Sunshine), n’hésitant pas à user de figures de style qui préfiguraient les œuvres futures du saltimbanque des mots.
vendredi 6 avril 2018
A la dame de mes pensées...
Georges Brassens: "Les journalistes, certains journalistes, tu les connais, ils sont capables de te demander si tu préfères la chemise de nuit au pyjama. De soudoyer tes familiers, afin qu’ils dévoilent tes secrets d’alcôve. Il n’en est pas un qui m’ait posé la seule question à laquelle je pouvais répondre : "Dormez-vous volontiers avec une personne du sexe opposé ?"… Parce que, pour eux, seul compte le mot "coucher". Dormir, ça ne les émoustille pas. Ma réponse aurait été: "Je n’y tiens pas." Je "couche", bien sûr, et, d’ailleurs, ça ne regarde personne, que ce soit fredaine ou tendresse. Mais je dors généralement seul: je n’ai pas envie de partager avec qui que ce soit mes maigres heures de sommeil. Certains sont rassurés par le fait d’avoir, la nuit, à leurs côtés, une sorte de chaleur complice. L’été, c’est déjà moins supportable. En toute saison, ça me gêne: je déteste que l’on me voie roupiller, et le reste. Je n’ai pas envies des haleines et tracasseries nocturnes. Je ne veux surtout pas contraire un être que je respecte avec mes insomnies, si je bouge ou si, crispé sur le matelas, je tente de ne pas remuer. La nuit est un espace de liberté à respecter. Il est, d’ailleurs, bien affligeant de constater que l’on ne puisse en dire autant du jour." [Sallée A. - Brassens - p. 158]
lundi 11 décembre 2017
Rolland Hénault, George Sand et Alfred de Musset
lundi 6 novembre 2017
J'ai rendez-vous avec vous - Intégrale
vendredi 6 octobre 2017
Et le troisième coup ne fut qu'une caresse...
mardi 9 mai 2017
Quelques notes avec Brassens : entretien avec Joel Favreau
jeudi 9 février 2017
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare...
Georges Brassens fut le premier à véritablement populariser des vers de Louis Aragon par le biais de la chanson. Il n’y a pas d’amour heureux, qu'il mit en musique, naquit de la plume d'Aragon en 1943 dans la propriété de l’écrivain René Tavernier, située au 4, rue Chambovet dans le 3e arrondissement de Lyon. Cette œuvre, extraite du recueil La Diane française (1944), exprime une conception de l’amour comme un absolu inaccessible, en l’occurrence dans les conditions qui prévalaient sous l’Occupation. L'auteur y glisse également de nombreuses références à la Résistance, dont il fit partie. Tout au long des sixième et septième entretiens avec Francis Crémieux, datés respectivement du 28/12/1963 et du 03/01/1964, il revient sur le sujet, décode son poème en précisant ainsi qu’il faut donner à son titre un sens restreint au contexte dans lequel il a été écrit.
samedi 3 octobre 2015
Jean-Pierre Chabrol raconte... Georges Brassens
1953. Le succès est venu à Georges Brassens et ne le quittera plus. Le poète sétois se produit dans 34 villes de France et de Belgique. À Paris, il est à l’affiche de divers établissements : Chez Patachou, Le Vieux Colombier, Chez Agnés Capri, La Villa d’Este, Les Trois Baudets, Bobino mais aussi La Mutualité (Gala du Monde libertaire). Durant cette année, la bande de copains se fait toujours plus nombreuse à l’impasse Florimont avec l’arrivée de Jean Bertola, Boby Lapointe, Pierre Louki et Jean-Pierre Chabrol. Ce dernier fait la connaissance de Brassens probablement durant la période printemps-été 1953. Dans son agenda "L'homme moderne" [Brassens G. - Journal et autres carnets inédits - p. 320], à la page concernant la semaine du 21 au 27/09, Georges note deux rendez-vous dont: "Dimanche 27: Jean-Pierre". Un rapprochement, effectué avec prudence par Jean-Paul Liégeois, pourrait, le cas échéant, être conforté par le témoignage du peintre et photographe antillais Gérald Bloncourt, sur son blog personnel: dans le courant de la première moitié de l'année 1953, Chabrol et lui se rendent à un dîner chez Catherine Sauvage, récemment engagée par Jacques Canetti et qui fait, elle aussi, la tournée des cabarets. Brassens, qu'elle a connu par ce biais, est invité également. On devine que les premières conversations culturelles entre les deux futurs complices ont certainement lieu durant cette soirée... à l'ambiance musicale (Georges a apporté sa guitare) assurée ! Chabrol se souvient, lors d'un entretien avec la chroniqueuse littéraire Chloé Radiguet:
Jean-Pierre Chabrol : "Georges a été l'homme le plus important de ma vie. Quand on s'est rencontrés chez Catherine Sauvage, j'étais terriblement communiste et lui foutrement anarchiste. Un choc ! Et puis, tendrement ou sarcastiquement, il m'a fait remplacer mes points d'exclamations par des points d'interrogation. Je devenais fréquentable. Humain, quoi, enfin."
vendredi 14 novembre 2014
Valérie Ambroise chante Georges Brassens
Ce message, que Valérie Ambroise reçut de Pierre Nicolas juste avant sa disparition, témoigne de la grande amitié qui les liait. Née d’une mère bourguignonne et d’un père arménien, elle se passionne pour la musique dès l'âge de 8 ans. Après avoir débuté en 1961 sur les planches du cabaret parisien Chez le Marquis, cette interprète méconnue s'est pourtant produite dans les établissements "Rive Gauche" à partir de 1962 en reprenant entre autres Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré et Charles Trenet, comptait dès ses débuts de nombreux admirateurs séduits par sa voix et sa sensibilité. Parmi ceux-là, Luc Bérimont (qui la programmait dans ses émissions radiophoniques telles que La Fine Fleur de la Chanson française), l'historien Alain Decaux de l'Académie française, l'écrivain Armand Lanoux, le poète surréaliste Philippe Soupault ou encore Mireille.
dimanche 14 septembre 2014
Brassens, l’habit vert, le bicorne et l’épée
Ainsi s’exprimait Georges Brassens après que lui eut été décerné le Grand Prix de Poésie de l’Académie française le 08/06/1967 (ce même jour, le journaliste et historien Emmanuel Berl, époux de la chanteuse Mireille, reçut le Grand Prix de Littérature), pour l’ensemble de son œuvre. S'il ne pensait pas mériter un tel honneur, sans doute en a t-il été flatté et ne voulait-il pas peiner ses amis en refusant cette récompense qu’ils s’étaient évertués à lui faire obtenir. C’est l’écrivain et journaliste Louis Nucera qui avait pour cela intercédé auprès de quelques académiciens qu’il avait fait rencontrer à Georges, grâce à sa grande connaissance du milieu des écrivains (il sera directeur littéraire et critique aux éditions Jean-Claude Lattès de 1973 à 1986). Parmi eux, Joseph Kessel mais aussi Marcel Pagnol. Entre eux et l’auteur des Copains d’abord, l’estime était réciproque.
L'auteur de la célèbre Trilogie marseillaise avait même proposé un rôle de berger à Brassens dans Les Étoiles (adaptation de la nouvelle d’Alphonse Daudet). Si sur le coup, ils en avaient discuté tous les deux devant un pastis, au détour d’une conversation sur la poésie, le projet avait fini par avorter, Pagnol ayant décidé d’abandonner le cinéma, déçu par l’échec de son adaptation des Lettres de mon moulin (1954). De son côté, Brassens avait de toute façon poliment décliné l’offre, ne se sentant pas fait pour le cinéma. Malgré tout, il se lancera dans cette expérience en décembre 1956 sur l'insistance de René Fallet, pour le tournage de Porte des Lilas (1957).
vendredi 18 avril 2014
Supplique pour être enterré à la plage de Sète - Philips N° IX (P 77.854 L)
Face 1
- Supplique pour être enterré à la plage de Sète
- Le Fantôme
- La Fessée
- Le Pluriel
- Les Quatre bacheliers
- Le Bulletin de santé
- La Non-demande en mariage
- Le Grand Chêne
- Concurrence déloyale
- L'Épave
- Le Moyenâgeux
dimanche 13 avril 2014
Juliette Gréco et le TNP
La première partie est assurée par Juliette Gréco. Cette dernière avait elle aussi été soutenue par Jacques Canetti et s'était produite aux Trois Baudets en 1952. Gréco avait acquis une grande notoriété grâce à ses interprétations des plus prestigieux auteurs-compositeurs francophones et dispose d'un riche répertoire. Bien entendu, le poète sétois en fait partie, notamment avec la Chanson pour l'Auvergnat (1954), La Marche nuptiale (1955) et Le Temps passé (1961). Brassens admirait Gréco et sa manière de s'approprier les textes qu'elle chante. Aussi avait-il insisté pour que leurs deux noms aient la même taille sur la grande affiche de Chanson au TNP.
vendredi 21 mars 2014
Elle est à toi, cette chanson...
lundi 17 octobre 2011
Le Temps ne fait rien à l'affaire
Cette intégrale se présente sous la forme d'un luxueux coffret-livre sous fourreau découpé contenant 19 CD ainsi que les reproductions des pochettes originales sur rabat dépliant, un portfolio avec une partition "petit format", affiches, photos, tickets de concert d’époque, cartes postales et autres goodies. Le tout est accompagné d'un livre souple de 60 pages avec biographie, discographie détaillée, photos, textes inédits de Jean-Paul Sermonte et Bertrand Dicale.