A propos de ce blog

C'est durant ma petite enfance que j'ai découvert l’œuvre de Georges Brassens, grâce à mon père qui l’écoute souvent durant les longs trajets en voiture. Sur la route des vacances estivales, j'ai entendu pour la première fois Le Petit Cheval alors que je n'avais que 4 ans. C'était en août 1981. Au fil des années, le petit garçon que j'étais alors a découvert bien d'autres chansons. Dès l'adolescence, Georges Brassens était ancré dans mes racines musicales, au même titre que Jacques Brel, Léo Ferré, Barbara et les autres grands auteurs-compositeurs de la même génération. M’intéressant plus particulièrement à l’univers du poète sétois, je me suis alors mis à réunir ses albums originaux ainsi que divers ouvrages et autres documents, avant de démarrer une collection de disques vinyles à la fin des années 1990. Brassens en fait bien entendu partie. Cet engouement s’est accru au fil du temps et d’évènements tels que le Festival de Saint-Cyr-sur-Morin (31/03/2007) avec l’association Auprès de son Arbre. À l’occasion de la commémoration de l’année Brassens (2011), j’ai souhaité créer ce blog, afin de vous faire partager ma passion. Bonne visite... par les routes de printemps !

J'ai rendez-vous avec vous

"Chaque fois que je chante une chanson, je me fais la belle." Georges Brassens
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vendredi 18 avril 2014

Supplique pour être enterré à la plage de Sète - Philips N° IX (P 77.854 L)

Supplique pour être enterré à la plage de Sète est le 11e album de Georges Brassens, sorti à la fin du mois d'octobre 1966 sous la référence Philips P 77.854 L. Le graphisme de la pochette reprend celui qui caractérise la série dite 'Faux bois' à ceci près qu'elle est de couleur blanche et ne porte pas de notes écrites par René Fallet, comme c'est le cas de presque tous les autres 33T 30 cm originaux de Brassens. La photo du recto a été prise par Jacques Aubert. Au verso se trouvent les rappels des huit premiers 33T 30 cm de Brassens.

Face 1
  1. Supplique pour être enterré à la plage de Sète
  2. Le Fantôme
  3. La Fessée
  4. Le Pluriel
  5. Les Quatre bacheliers
Face 2
  1. Le Bulletin de santé
  2. La Non-demande en mariage
  3. Le Grand Chêne
  4. Concurrence déloyale
  5. L'Épave
  6. Le Moyenâgeux

lundi 6 novembre 2017

J'ai rendez-vous avec vous - Intégrale

C'est le 17/04/1989 que naît la première édition de l'intégrale "J'ai rendez-vous avec vous" sous la double référence Philips/Phonogram 836 309-2/PG 947. Ce coffret, pour lequel le montage discographique et la recherche des documents ont été réalisés par Richard Marsan assisté de Thérèse Chasseguet, arbore un graphisme signé Antonietti Pascault & Ass., sans oublier la photo qui est de Jacques Aubert. Surnommée "Le cube" dans la communauté des collectionneurs, il s'agit de la toute première intégrale CD de Georges Brassens. Elle comporte 11 disques ayant pour titres respectifs: La mauvaise réputation (1), Auprès de mon arbre (2), Le pornographe (3), Les copains d'abord (4), Supplique pour être enterré à la page de Sète (5), La non-demande en mariage (6), Mourir pour des idées (7), Tempête dans un bénitier (8), Dernières chansons de Brassens par Jean Bertola (9), Le patrimoine de Brassens interprété par Jean Bertola (10) et Brassens in Great Britain "Live 73" (11). Ils sont référencés de 836 289-2 à 836 299-2. On notera la présence, sur le disque Tempête dans un bénitier (8), d'un titre qui n'avait pas encore été gravé jusqu'à présent: La visite, enregistrée par Georges Brassens après son dernier passage à Bobino du 19/10/1976 au 27/03/1977. Brassens in Great Britain "Live 73" (11), contient l'intégralité du concert de Cardiff (Pays de Galles). 

lundi 17 octobre 2011

Le Temps ne fait rien à l'affaire

L'année 2011 est celle d'un double anniversaire : les 90 ans de la naissance de Georges Brassens, ainsi que les 30 ans de sa disparition. Spécialement pour cette occasion paraît aujourd'hui une nouvelle intégrale titrée Le Temps ne fait rien à l'affaire, qui propose 330 titres masterisés en haute définition.

Cette intégrale se présente sous la forme d'un luxueux coffret-livre sous fourreau découpé contenant 19 CD ainsi que les reproductions des pochettes originales sur rabat dépliant, un portfolio avec une partition "petit format", affiches, photos, tickets de concert d’époque, cartes postales et autres goodies. Le tout est accompagné d'un livre souple de 60 pages avec biographie, discographie détaillée, photos, textes inédits de Jean-Paul Sermonte et Bertrand Dicale.

lundi 11 décembre 2017

Rolland Hénault, George Sand et Alfred de Musset

Le Berry. Province historique de la France de l'Ancien Régime constituant l'un des plus vieux terroirs agricoles du pays. Sa campagne, qui sert souvent de cadre aux romans de George Sand, vit également naître le romancier, poète et essayiste libertaire Rolland Hénault le 25/05/1940. Originaire de Saint-Valentin (36), celui qui compta entre autres Cabu et Cavanna dans son entourage fut l’un des trois co-fondateurs du magazine La Bouinotte en 1982, avec Léandre Boizeau et Gérard Coulon. Il y tint la cultissime rubrique satyrique du Plouc, illustrée par Christian Hirlay. Sa plume acérée et néanmoins trempée dans l’humanité de l’anarchisme le rapproche de Georges Brassens, usant de l'humour et de la malice comme ultime politesse. C'est à cet instant précis qu'il nous faut noter les liens des deux virtuoses des mots avec la Fédération anarchiste française. Le poète sétois publia longue série d'articles dans Le Libertaire sous les pseudonymes de Geo Cédille, Gilles Colin ou G.C. du 28/06/1946 au 12/06/1947. [Felici I. (dir.), Bories F., Boulouque S., Gurrieri P., Perolini C. et Steiner A. - Brassens anarchiste - pp. 199-213] Rolland Hénault - dit "Guimou de la Tronche" pour l'occasion, écrivit un peu plus tard des chroniques dans Le Monde libertaire.

samedi 3 octobre 2015

Jean-Pierre Chabrol raconte... Georges Brassens

Ses chansons ont aidé toute génération. Par sa faute, la France d'aujourd'hui se voit privée d'un nombre appréciable d'imbéciles. Et ce n'est pas fini. Brassens continue. (Jean-Pierre Chabrol, 1969)

1953. Le succès est venu à Georges Brassens et ne le quittera plus. Le poète sétois se produit dans 34 villes de France et de Belgique. À Paris, il est à l’affiche de divers établissements : Chez Patachou, Le Vieux Colombier, Chez Agnés Capri, La Villa d’Este, Les Trois Baudets, Bobino mais aussi La Mutualité (Gala du Monde libertaire). Durant cette année, la bande de copains se fait toujours plus nombreuse à l’impasse Florimont avec l’arrivée de Jean Bertola, Boby Lapointe, Pierre Louki et Jean-Pierre Chabrol. Ce dernier fait la connaissance de Brassens probablement durant la période printemps-été 1953. Dans son agenda "L'homme moderne" [Brassens G. - Journal et autres carnets inédits - p. 320], à la page concernant la semaine du 21 au 27/09, Georges note deux rendez-vous dont: "Dimanche 27: Jean-Pierre". Un rapprochement, effectué avec prudence par Jean-Paul Liégeois, pourrait, le cas échéant, être conforté par le témoignage du peintre et photographe antillais Gérald Bloncourt, sur son blog personnel: dans le courant de la première moitié de l'année 1953, Chabrol et lui se rendent à un dîner chez Catherine Sauvage, récemment engagée par Jacques Canetti et qui fait, elle aussi, la tournée des cabarets. Brassens, qu'elle a connu par ce biais, est invité également. On devine que les premières conversations culturelles entre les deux futurs complices ont certainement lieu durant cette soirée... à l'ambiance musicale (Georges a apporté sa guitare) assurée ! Chabrol se souvient, lors d'un entretien avec la chroniqueuse littéraire Chloé Radiguet:

Jean-Pierre Chabrol : "Georges a été l'homme le plus important de ma vie. Quand on s'est rencontrés chez Catherine Sauvage, j'étais terriblement communiste et lui foutrement anarchiste. Un choc ! Et puis, tendrement ou sarcastiquement, il m'a fait remplacer mes points d'exclamations par des points d'interrogation. Je devenais fréquentable. Humain, quoi, enfin." 

vendredi 14 novembre 2014

Valérie Ambroise chante Georges Brassens

"Des chansons ont traversé les siècles... Elles sont encore vivantes. Qui les a chantées ou écrites ? On s'en fout. Elles vivent. C'est ce qu'il faut réaliser avec les chanson du "Vieux", et c'est pour cela que j'ai repris ma contrebasse: j'ai voulu donner à Valérie le plus possible de ce que j'avais reçu et vécu durant vingt-neuf ans avec Brassens. Tu dois continuer à les chanter, accroche-toi, c'est à toi désormais de témoigner et de donner ce que je t'ai donné." [Dossier de presse de Valérie Ambroise - 1991]

Ce message, que Valérie Ambroise reçut de Pierre Nicolas juste avant sa disparition, témoigne de la grande amitié qui les liait. Née d’une mère bourguignonne et d’un père arménien, elle se passionne pour la musique dès l'âge de 8 ans. Après avoir débuté en 1961 sur les planches du cabaret parisien Chez le Marquis, cette interprète méconnue s'est pourtant produite dans les établissements "Rive Gauche" à partir de 1962 en reprenant entre autres Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré et Charles Trenet, comptait dès ses débuts de nombreux admirateurs séduits par sa voix et sa sensibilité. Parmi ceux-là, Luc Bérimont (qui la programmait dans ses émissions radiophoniques telles que La Fine Fleur de la Chanson française), l'historien Alain Decaux de l'Académie française, l'écrivain Armand Lanoux, le poète surréaliste Philippe Soupault ou encore Mireille.

mercredi 6 septembre 2023

Cette pauvre poigné’ de main(s) gisait, oubliée, en chemin...

Cette rose tombée, échappé de la gerbe de fleurs
Qu’un général (héros brave à trois poils) portait au monument aux morts,
Je te l’avais offerte en te parlant d’amour,
Et les morts ont crié: "Au voleur ! Au voleur !"

Ces vers, ébauchés dans le journal de Georges Brassens – et plus particulièrement dans le Cahier 1963-1981, aux pages datées de janvier 1969 [Brassens G. - Journal et autres carnets inédits - p. 141], allaient par la suite donner naissance à une très belle fable amenant une réflexion sur l’impossibilité d’établir des rapports gratuits avec des inconnus dans une société essentiellement régie par les rapports marchands. Le partage déçu, l'amitié offerte et refusée, tout comme l’idée qu'il y a autant de générosité à recevoir qu'à donner, imprègnent cette œuvre, considérée par nombre de spécialistes et d’admirateurs comme une des plus accomplies du répertoire du sétois moustachu.

vendredi 21 mars 2014

Elle est à toi, cette chanson...

C'est à la faveur d'une permission d'une quinzaine de jours qu'il a réussi à obtenir alors qu'il se trouvait au camp de travailleurs de Basdorf, que Georges Brassens rentre à Paris, emportant avec lui ses notes et ses manuscrits. Il sait, dès lors, qu'il ne retournera pas en Allemagne. Cependant, il lui faut trouver un endroit où se cacher, car une fois la permission arrivée à terme, où viendra-t-on le chercher, sinon chez la tante Antoinette ? La solution de cet épineux problème se profilera grâce à l'amie de cette dernière, Jeanne Le Bonniec-Planche, qui propose de l'héberger dans sa modeste maison sise au 9, impasse Florimont. Brassens viendra donc y habiter dès le 21 mars 1944.

lundi 1 février 2021

La Compagnie des œuvres: quatre émissions sur la vie et l'œuvre de Georges Brassens

© E. Mandelmann - CC BY-SA 3.0

Dans le cadre de La Compagnie des œuvres, émission quotidienne de France Culture dédiée au patrimoine culturel mondial, Matthieu Garrigou-Lagrange propose une semaine sur la vie et l'œuvre de Georges Brassens, du 1er au 04/02/2021. Sont donc prévus quatre épisodes consécutifs, diffusés de 15H à 16H, du lundi au jeudi. Voici la présentation de la série Georges Brassens nous rend heureux:

Troubadour égaré dans le siècle des machines, Brassens nous a légué une œuvre à l’écart du consensus et de la place publique, synthèse de l’argot de rue, du Moyen-Âge et du classicisme français. Préférant suggérer que dire, l’homme cultiva un esprit libre et anarchiste, non comme un dogme, mais comme une manière d’être au monde, grattant sa guitare comme des cordes de prison, croquant avec appétit les notes et les derrières.

Clémentine Deroudille, qui fut la co-commissaire - avec Joann Sfar - de la grande exposition Brassens ou la liberté en 2011, est l'invitée de l'émission d'aujourd'hui qui a pour titre La bohème de Georges Brassens. La jeunesse de l'artiste et la genèse de l’œuvre sont les thèmes abordés.

dimanche 13 avril 2014

Juliette Gréco et le TNP

A l'initiative de Georges Wilson, successeur du sétois Jean Vilar à la tête du Théâtre National Populaire (TNP), depuis 1963, Georges Brassens se produit dans sa salle du Palais de Chaillot du 16/09 au 22/10/1966, pour 32 récitals (27 soirées et 5 matinées) devant plus de 90 000 spectateurs. La liste des 20 chansons qu'il propose est de haute volée, avec 11 inédites qui constitueront l'album de la Supplique pour être enterré à la plage de Sète (Philips P 77.854 L) et 4 (Dans l'eau de la claire fontaine, Les quat'z'arts, Le vingt-deux septembre, Saturne) ne figurant pas parmi les plus connues ni les plus faciles*. Par la volonté de l'interprète de La Nuit des rois de Claude Loursais, en 1957, c'est la première fois de son histoire que la grande salle de la colline de Chaillot est ouverte à la chanson. Et c'est plus qu'un triomphe.

La première partie est assurée par Juliette Gréco. Cette dernière avait elle aussi été soutenue par Jacques Canetti et s'était produite aux Trois Baudets en 1952. Gréco avait acquis une grande notoriété grâce à ses interprétations des plus prestigieux auteurs-compositeurs francophones et dispose d'un riche répertoire. Bien entendu, le poète sétois en fait partie, notamment avec la Chanson pour l'Auvergnat (1954), La Marche nuptiale (1955) et Le Temps passé (1961). Brassens admirait Gréco et sa manière de s'approprier les textes qu'elle chante. Aussi avait-il insisté pour que leurs deux noms aient la même taille sur la grande affiche de Chanson au TNP.

mardi 7 juin 2022

"Et chercher sur la terre un endroit écarté... Où d’être homme d’honneur on ait la liberté."

La pipe au papa du Pape Pie pue

Cette célèbre locution que l’on trouve dans le poème de Jacques Prévert La crosse en l’air, écrit en 1936 et publié dans le recueil Paroles (1946), a sans doute beaucoup plus à Boby Lapointe, lui-même grand adepte de figures de style et de jeux de mots en tous genres. Et Georges Brassens n’était pas en reste, lui qui riait beaucoup en lisant l’auteur des Feuilles mortes et dont l’un des grands amis n’était autre que Raymond Devos. Effectuons un bond jusque dans les années 1950 afin de nous intéresser aux connivences et liens étroits entre ces deux artistes incontournables… et moustachus de surcroît !

mardi 9 mai 2017

Quelques notes avec Brassens : entretien avec Joel Favreau

Quelques semaines après la parution de son livre Quelques notes avec Brassens, Joel Favreau nous donnait rendez-vous un samedi après-midi dans une brasserie du 13e arrondissement de Paris. Le quartier dans lequel Léo Malet plante le décor du neuvième tome des Nouveaux Mystères de Paris : la Place d’Italie, la Butte-aux-Cailles, le Quartier de la Gare, le Pont de Tolbiac… C’est dans ce cadre que nous évoquons avec Joel ses souvenirs avant, avec, mais aussi après Georges Brassens. Un grand merci à lui pour sa disponibilité, sa gentillesse, ainsi que la richesse de l’entretien qu’il nous a accordé.

• Avant de rencontrer Georges Brassens, quelle était ton approche de lui et de son œuvre ? Il faisait naturellement partie de tes goûts musicaux car, déjà, au collège de Saint-Flour (15), tu interprétais certaines de ses chansons comme Le gorille et Les sabots d’Hélène à l’occasion de fêtes de fin d’année.

Joel Favreau : "Oui, c’était une évidence pour moi. La question ne se posait pas. Mais, à cette époque, j’avais souvent du mal à apprendre les paroles. Comme je le raconte dans le livre, c’est mon frère qui, le premier, m’a "donné le mode d’emploi." D’ailleurs, Maxime [Le Forestier] dit que c’est souvent quelqu’un qui vous initie à Brassens. La transmission ne se fait pas spécialement par les gens, mais plutôt de personne à personne. Quoique, avant, j’entendais tout de même souvent ses chansons qui passaient durant la première partie, avant l’entracte, dans un cinéma très sympa du quartier de Montparnasse et qui n’existe plus aujourd’hui. Il s'appelait: le Studio Parnasse, c'était, je crois, le premier cinéma d'art et d'essai. Cela remonte au début des années 1950, à l’époque des premiers 78T de Brassens"

vendredi 6 avril 2018

A la dame de mes pensées...

Du 01/01 au 10/01/1965, Georges Brassens fut à l’affiche de Bobino. C’est à cette occasion qu’un soir durant la première partie, André Sallée, qui eut officié à Radio Luxembourg, se trouva dans les coulisses afin de l’interviewer. Si la controverse suscitée par Les deux oncles, encore toute fraîche, continua de battre son plein, le sujet fut éludé volontairement par le sétois moustachu.

Georges Brassens: "Les journalistes, certains journalistes, tu les connais, ils sont capables de te demander si tu préfères la chemise de nuit au pyjama. De soudoyer tes familiers, afin qu’ils dévoilent tes secrets d’alcôve. Il n’en est pas un qui m’ait posé la seule question à laquelle je pouvais répondre : "Dormez-vous volontiers avec une personne du sexe opposé ?"… Parce que, pour eux, seul compte le mot "coucher". Dormir, ça ne les émoustille pas. Ma réponse aurait été: "Je n’y tiens pas." Je "couche", bien sûr, et, d’ailleurs, ça ne regarde personne, que ce soit fredaine ou tendresse. Mais je dors généralement seul: je n’ai pas envie de partager avec qui que ce soit mes maigres heures de sommeil. Certains sont rassurés par le fait d’avoir, la nuit, à leurs côtés, une sorte de chaleur complice. L’été, c’est déjà moins supportable. En toute saison, ça me gêne: je déteste que l’on me voie roupiller, et le reste. Je n’ai pas envies des haleines et tracasseries nocturnes. Je ne veux surtout pas contraire un être que je respecte avec mes insomnies, si je bouge ou si, crispé sur le matelas, je tente de ne pas remuer. La nuit est un espace de liberté à respecter. Il est, d’ailleurs, bien affligeant de constater que l’on ne puisse en dire autant du jour." [Sallée A.
- Brassens - p. 158]

jeudi 9 février 2017

Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare...

"Aragon n'a jamais écrit de chansons. Alors que Desnos ou Prévert composent des poèmes pour les musiciens et les interprètes qui les chanteront, Aragon n'a jamais écrit de poèmes dans cette intention. Pourtant, sa poésie a été, plus qu'aucune autre, mise en musique et chantée: Il n'y a pas d'amour heureux (Brassens), L'affiche rouge (Ferré), C'est si  peu dire que je t'aime (Ferrat) sont des chansons si familières à notre mémoire qu'il semble impossible d'entendre les mots du poème en le détachant de l'air et des inflexions de  la voix qui  les  chante. Pour l'amateur de Brassens ou de Ferré, le poème d'Aragon fait corps avec le reste de l'œuvre ; les poèmes deviennent des chansons, au même titre que celles écrites et composées par Ferré ou Brassens." [Piégay-Gros N., 2007. Aragon et la Chanson - La romance inachevée, Textuel, 132 pp.]

Georges Brassens fut le premier à véritablement populariser des vers de Louis Aragon par le biais de la chanson. Il n’y a pas d’amour heureux, qu'il mit en musique, naquit de la plume d'Aragon en 1943 dans la propriété de l’écrivain René Tavernier, située au 4, rue Chambovet dans le 3e arrondissement de Lyon. Cette œuvre, extraite du recueil La Diane française (1944), exprime une conception de l’amour comme un absolu inaccessible, en l’occurrence dans les conditions qui prévalaient sous l’Occupation. L'auteur y glisse également de nombreuses références à la Résistance, dont il fit partie. Tout au long des sixième et septième entretiens avec Francis Crémieux, datés respectivement du 28/12/1963 et du 03/01/1964, il revient sur le sujet, décode son poème en précisant ainsi qu’il faut donner à son titre un sens restreint au contexte dans lequel il a été écrit.

mardi 23 mai 2023

Georges Brassens et Félix Leclerc : "Ce fut la rencontre de deux ours !"

"Te souviens-tu de notre première rencontre, en 1952 (…) ? C’est un journaliste québécois, Jacques Languirand, qui avait provoqué ce face-à-face. Racontant l’évènement lors d’une interview, à quelque temps de là, il précisait: "Le premier à grommelé quelques syllabes inaudibles, le second a grogné quelques sons incompréhensibles. Ce fut la rencontre de deux ours !" [Le Gresley R. - Pour vous Monsieur Brassens, d'affectueuses irrévérences - p. 154]

Les coulisses des Trois Baudets sont le cadre de cette histoire évoquée par Robert Le Gresley se mettant dans la peau de Félix Leclerc le temps d’un hommage intitulé Moi mes sabots. Des recherches seraient intéressantes à mener afin d’en savoir plus et de retracer précisément la première rencontre entre Georges Brassens et son aîné venu de la Belle Province. Le jeune journaliste québécois Jacques Languirand, qui en est à l’origine, pilotait Félix Leclerc dans Paris dès l’époque de sa consécration à l’ABC dont il a partagé la scène avec les Compagnons de la Chanson durant quatre semaines à partir du 22/12/1950.

vendredi 6 octobre 2017

Et le troisième coup ne fut qu'une caresse...

Dans La fessée, chanson gaillarde de l'album Supplique pour être enterré à la plage de Sète (Philips P 77.854 L), Georges Brassens joue des convenances et transgresse finement les interdits au fil de neuf couplets d'alexandrins burlesques, rehaussés par des rimes triplées. Ici est mise en scène la veuve d'un ancien camarade d'école récemment décédé, à laquelle le narrateur - incarné par le sétois - rend visite et donne du réconfort dans la chapelle ardente où il lui tient compagnie. Il boit le champagne au décès de ce copain disparu et, l'excès aidant, les deux protagonistes glissent vers le jeu de la séduction puis vers l'acte sexuel insinué subtilement avec des doubles sens: Ma pipe dépassait un peu de mon veston. Aimable, elle m'encouragea: "Bourrez-la donc (...) Que diriez-vous d'une frugale collation ?" Et nous fîmes un petit souper aux chandelles (on relèvera la citation d'une célèbre chanson écrite par Paul Misraki en 1936). [Poulanges A., Tillieu A., 2002. Manuscrits de Brassens. Tome 3: Transcriptions et commentaires - p. 300]

dimanche 24 février 2019

Raymond Devos et "l’ours bien léché de la chanson française"

"Beaucoup de gens croyaient que Brassens était un ours. Mais c’était un ours bougrement bien léché. Il adorait les gens et la compagnie de ses amis. Homme terriblement secret, il ne lançait ses chansons qu’une fois parfaitement au point. J’avais beau le rencontrer très souvent, je ne découvrais ses chansons que lors des générales."

Cette pensée fut celle de Raymond Devos lorsqu’il apprit la disparition de Georges Brassens. Invité du Journal Télévisé de 13H du 31/10/1981 sur Antenne 2 avec Philippe Chatel, André Larue et Patachou, il apporta son témoignage sur celui qu’il eut surnommé "l’ours bien léché de la chanson française" et avec qui il eut tissé une grande amitié. Leur prise de contact remonte à la première moitié des années 1950 aux Trois Baudets, où Devos fit ses premiers pas officiels en partageant l’affiche de la deuxième année du spectacle Sans issue en 1951 avec Robert Lamoureux, Pierre Dac et Francis Blanche, Félix Leclerc et Darry Cowl. À cette époque, il se produisait en duo avec Robert Verbecke qui l’avait sollicité pour jouer, à la guitare (il avait suivi des cours avec Cyril Dives au Théâtre Mouffetard dit "La Mouffe"), les enchaînements musicaux de La perle du Colorado, pièce de théâtre montée par Michel de Ré au Vieux-Colombier, avec Michel Piccoli, Georges Wilson et Barbara Laage. Ainsi étaient nés Les deux Pinsons : Raymond Devos à la guitare et Robert Verbecke au ukulélé reprenaient humoristiquement des chansons traditionnelles de music country (notamment La vieille truie (The Old Sow), Clémentine (My Darling Clementine), Le dindon digne (Yankee Doodle) ou encore You Are My Sunshine), n’hésitant pas à user de figures de style qui préfiguraient les œuvres futures du saltimbanque des mots.

dimanche 14 septembre 2014

Brassens, l’habit vert, le bicorne et l’épée

"Je ne pense pas être un poète… Un poète, ça vole quand même un peu plus haut que moi… Je ne suis pas poète. J’aurais aimé l’être comme Verlaine ou Tristan Corbière." [Georges Brassens in Liégeois J.-P., 2007. Georges Brassens - Œuvres complètes, Le Cherche-Midi, coll. Voix publiques, p. 633]

Ainsi s’exprimait Georges Brassens après que lui eut été décerné le Grand Prix de Poésie de l’Académie française le 08/06/1967 (ce même jour, le journaliste et historien Emmanuel Berl, époux de la chanteuse Mireille, reçut le Grand Prix de Littérature), pour l’ensemble de son œuvre. S'il ne pensait pas mériter un tel honneur, sans doute en a t-il été flatté et ne voulait-il pas peiner ses amis en refusant cette récompense qu’ils s’étaient évertués à lui faire obtenir. C’est l’écrivain et journaliste Louis Nucera qui avait pour cela intercédé auprès de quelques académiciens qu’il avait fait rencontrer à Georges, grâce à sa grande connaissance du milieu des écrivains (il sera directeur littéraire et critique aux éditions Jean-Claude Lattès de 1973 à 1986). Parmi eux, Joseph Kessel mais aussi Marcel Pagnol. Entre eux et l’auteur des Copains d’abord, l’estime était réciproque.

L'auteur de la célèbre Trilogie marseillaise avait même proposé un rôle de berger à Brassens dans Les Étoiles (adaptation de la nouvelle d’Alphonse Daudet). Si sur le coup, ils en avaient discuté tous les deux devant un pastis, au détour d’une conversation sur la poésie, le projet avait fini par avorter, Pagnol ayant décidé d’abandonner le cinéma, déçu par l’échec de son adaptation des Lettres de mon moulin (1954). De son côté, Brassens avait de toute façon poliment décliné l’offre, ne se sentant pas fait pour le cinéma. Malgré tout, il se lancera dans cette expérience en décembre 1956 sur l'insistance de René Fallet, pour le tournage de Porte des Lilas (1957).